Les lapsus sont souvent révélateurs. Celui-ci déroge-t-il à la règle ?

Car quand David GILMOUR entendit The madcap laughs au lieu de The madcat laughs, ligne irriguant le texte de l’inquiétante fête foraine dépeinte via "Octopus", quel était son état d’esprit profond ? La manière dont PINK FLOYD s’était débarrassé de son membre fondateur devenu trop encombrant trottait-elle encore dans son esprit, créant inconsciemment un naturel sentiment de culpabilité poussant le guitariste mais également par extension son compère Roger WATERS à aider Syd BARRETT à lancer sa carrière solo, bien que ce dernier soit déjà passé à autre chose, saisissant au vol le quiproquo afin d’intituler sa réalisation à venir, le premier d’une carrière somme toute en pointillés ?…

The Madcap Laughs est finalement assez peu marqué du fer psychédélique malgré quelques éclairs ("Late Night", la formidable anomalie "No Good Trying" conviant trois SOFT MACHINE) et une jaquette surréaliste proposant un jeune homme à l’équilibre physique précaire prenant place au cœur d’une pièce d’appartement quasi-vacante. À l’image de ce cliché, le disque s’immerge dans un minimalisme artisanal, BARRETT exposant sa propre idée du blues et du folk à l’instar d’Alexander SKIP SPENCE, autre allumé notoire publiant l’ovni Oar en 1969.

L’aspect bordélique, illustré typiquement via la présence de trois producteurs différents, culmine sur une seconde partie d’album laborieuse conservant certains faux départs par manque de prises propres. Les titres adjoints à la réédition de The Madcap Laughs n’ajoutent qu’à un malaise latent qu’on ressent encore plus en jetant un œil au dos du recueil où des Syds à la taille croissante flottent dans l’air, sans que l’on puisse voir leurs yeux.

Malgré tout, ces fragments de chansons parviennent à créer aisément sentiments et images uniques en leur genre : une princesse grecque ornant délicatement ses cheveux d’or d’un diadème, une tortue dont le nonchalant ronronnement la rapproche plus d’un gros minet ou d’autres voyages extraordinaires aux confins de l’imagination. C’est bien pour cette raison que l’on revient inexorablement sur le minuscule triptyque compilant le talent de Syd BARRETT, véritable artiste sans égal.