Après s’être égaré dix ans durant dans une électronique grand public peu inspirée et des métissages foireux, avec en apothéose l’abominable Chronologie (1993), Jean-Michel JARRE effectue un retour aux sources avec un nouvel album au titre on ne peut plus évident, et Dieu sait que c’est un exercice dangereux et que le risque de pastiche ou d’auto-plagiat est élevé, surtout quand le pic de créativité est passé depuis belle lurette.

Oxygène 7-13 n’échappe malheureusement pas à la règle. Jean-Michel JARRE s’applique à reproduire les sonorités du premier Oxygène… enfin non, DU Oxygène tout court, parce qu’il se suffit à lui-même et que ses deux prétendues suites me semblent totalement artificielles. Crop circles, nappes d’Eminent, effets sonores cinématiques… tout y passe. Changer de sonorités permet de couper court à la bouillie informe des deux voire trois précédents albums, mais en l’état, un tel mimétisme me semble trop facile, quand bien même quelques autres sons plus modernes sont rajoutés par-dessus. Le plus gênant est que ce mimétisme s’applique également à la composition. "Oxygène 8" est un relent simpliste de la partie II de l’album original, la mélodie "Oxygène 13" est un mix boiteux entre les parties III et VI (avec un zeste d’Équinoxe aux entournures) et "Oxygène 9" contrefait la partie I jusqu’à l’écœurement. Il ne suffisait donc pas que les tics de Jean-Michel JARRE soient recopiés par d’autres artistes (DNA de CERRONE, Vortex de Scott Ampleford, etc.), il fallait que JARRE le fasse lui-même sur ses propres albums! C’est aberrant.

Le reste se détache un peu mieux du prétexte de départ. C’est indéniablement meilleur que presque toutes les autres productions sorties les douze années précédentes. "Oxygène 7" et sa suite "Oxygène 12" déroulent des ambiances neutres pas bien folichonnes mais tout de même meilleures que "Premier Rendez-Vous" ou "Chronologie 1". La doublette "Oxygène 10" / "Oxygène 11" amène du rythme et n’est pas à dédaigner, quand bien même on sent parfois que ça part en roue libre.

Le mélange de ces deux démarches accouche d’une œuvre pas si mauvaise mais bancale et terriblement anecdotique.