« Les reformations, c'est de la merde. »

On ne sera pas aussi catégorique, mais il faut avouer qu'à quelques exceptions près, on peut râler très fort contre d'anciens phares sur le retour, et le shoegaze n'est pas épargné (je laisse le soin à Seijitsu de détailler l'épineux sujet). On doit donc râler contre Slowdive, entre autres ? Pour le coup, non, car le groupe, qui effectue un retour discographique 22 ans après Pygmalion (1995), parvient à réussir l'exercice, non sans grand éclat, mais non sans grâce.

Slowdive (l'album de 2017) est une bonne suprise qui ne prend personne pour des cons. 8 titres, 45 minutes, et du shoegaze ambient et lumineux comme à la glorieuse époque de Souvlaki (1993). D'ailleurs, au passage, les vieux fans pourront passer leur chemin s'ils voulaient forcément de l'innovation sonique : le quintette reprend ses vieilles recettes et les applique avec attention mais sans chercher à vouloir absolument coller à l'époque moderne. Après tout, qu'il y a-t-il de pire qu'un vieux qui cherche à se la jouer « d'jeuns » ?

Et on obtient du coup des merveilles comme "Slomo" et surtout, surtout "Sugar for the Pill". Des morceaux simples, mais beaux, magiques, car bien écrits et interprétés avec suffisamment de conviction pour y transmettre des émotions, chose rare en tous temps musicaux. Entendre ce genre de musique en 2017, fût-elle d'un vieux pilier, ça fait vraiment plaisir. L'album n'est pas exempt de défauts et rate certes la qualification d'album très bon, la première chose venant en tête étant le trop long (mais intensément sensible) "Falling Ashes", suivi par la présence parfois trop discrète de Rachel Goswell. Mais on n'en attendait pas autant d'un groupe de légende comme Slowdive, surtout après la catastrophe My Bloody Valentine.

Contrat rempli donc, pour Slowdive. Même si un expert en shoegaze pourra se permettre d'être plus sévère envers le groupe, il ne pourra pas nier que le groupe n'a pas raté sa reformation et qu'il en a toujours sous la pédale.

Et "Sugar for the Pill", merde !

Note réelle : 3,5/5