Il y a des albums comme ça, qui représentent plus qu’une expérience musicale. The Fat Of The Land de PRODIGY fait un peu partie de ceux-là : dix ans après, on pourrait chipoter sur pas mal d’aspects de la musique du quatuor anglais, mais le côté affectif finit toujours par prendre le dessus. J’aime The Fat Of The Land, non pas parce que c’est un chef d’œuvre de musique électronique, mais parce que le train de souvenir qui s’y raccroche a fini par prendre l’apparence d’un transcontinental australien.

« Firestarter », présent sur la B.O. de Wipeout, est un hymne imparable, sorte de tourbillon électronique hypnotique et distordu, propre à remuer bien des croupions. « Smack My Bitch Up », dont l’intro fait un peu penser à du FATBOY SLIM période Better Living Through Chemistery, a traversé la décennie sans prendre une ride. Mais « Breathe » ! Ou plutôt : boudiou « Breathe » quoi ! Ce thème imparable, le rythme tueur par excellence, ce coup de fouet métallisé, cette voix torturée : « Psycho-somatic addict insane » ! « Breathe » c’est un bruit de verre brisé, une soirée bien arrosée, un univers jaune fluo, un canapé délabré, un vieux tacot qui finit sa course dans un étale de pamplemousses,…

The Fat Of The Land, ce n’est pas que trois singles ultra-connus. C’est aussi un « Funky Shit » digne des BEASTIE BOYS, un « Diesel Power » au flow mécanique, un « Serial Thrilla » presque heavy. On peut critiquer « Narayan » qui traîne en longueur, « Mindfields » qui sonnait déjà daté en 1997, mais selon moi, ces petits défauts pardonnables ne font que rendre cet album plus inoubliable.

Avec The Fat Of The Land, Prodigy fait don à la musique électronique d’un brûlot immédiatement accessible, voie royale vers une approche plus expérimentale de la Techno. Un album « culte » (argh ! comme je déteste ce terme) tout simplement.