J’ai une pile de nouveaux disques à écouter que je descends méthodiquement pour aller de découvertes en découvertes. Toutefois, de temps en autres, je me dis "Tiens, je me réécouterais bien un album que je connais déjà". Je pense quelques secondes à celui qui me ferait plaisir et, régulièrement, une réponse me vient très vite : Abbey Road.
J’ai envie d’un truc pétillant, énergisant ? Il est tout indiqué. Au contraire, j’ai envie de m’allonger un moment ? Abbey Road est super pour me mettre dans cet état de semi somnolence où démarrent les rêves. Il faut que je fasse le ménage et que je trouve un truc qui va me motiver ? J’ai une super idée : un disque où quatre mecs traversent la route. Faut que je bosse le soir sur un truc et que je trouve quelque chose qui me soutienne ? Ben il marche encore très bien. Bref je veux écouter de la musique ? A peu près dans toutes les combinaisons, il répond à mes attentes, je craque donc régulièrement.

Pourtant, je ne dirai pas qu’il n’y a que des chefs-d’œuvre dedans. McCartney, casquette compositeur, a fait mieux ailleurs. Mais chaque titre un peu secondaire est parfaitement cohérent dans le plan d’ensemble. Je crois que c’est l’immense force de l’opus. Il a un son qui lui est propre, qui fait tenir le tout ensemble, bien plus que sur les autres albums. Pour le coup, c’est en grande partie grâce à McCartney, casquette bassiste, au jeu très particulier et mélodique ici, absolument immanquable autant qu’essentiel de bout en bout.

Cet album contient tout de même la meilleure chanson de Ringo. Bon, il en a fait deux ou trois en tout avec les BEATLES, on va dire que c’était pas le plus dur. En revanche, il y a aussi les meilleures chansons de George, c’est déjà plus costaud. Surtout que ce sont peut-être bien de surcroît les deux meilleures du disque. Si John n’est plus aussi central qu'auparavant, les trois morceaux complets qu’il offre ici sont aussi audacieux qu’impeccables. Le premier, qui ouvre si bien le disque, de plus une parfaite synthèse artistique du bonhomme, est peut-être bien, à ce titre, le meilleur qu’il ait créé avec ses trois copains.

S’il ne devait rester qu’un disque des BEATLES (et chacun sait qu’il y en a), j’espère que ce serait celui-ci. Pour son essence collective, parce qu’il se concentre avant tout sur la musicalité, la mélodie. A force d’années d’expérience, le groupe, meilleur que jamais dans son jeu, va à l’essentiel. Et l’essence des BEATLES, c’était quand même de la bonne ! Le groupe a l’immense classe de réussir sa sortie, ajoutant un peu plus à sa stature. Et, à la fin, le plus grand groupe de l’histoire (qu’on l’aime ou pas, c’est juste un constat) se retire en majesté.