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NOISE-BLACK PSYCH(OTIQU)E  |  STUDIO

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2010 Murmuüre
 

2010 Murmuüre

MURMUÜRE - Murmuüre (2010)
Par K-ZEN le 28 Décembre 2022          Consultée 735 fois

Croyez-vous en la réincarnation ?

Oui, vous savez, cette étrange croyance prescrivant que quand vous mourrez, vous quittez votre enveloppe corporelle actuelle pour en revêtir une autre, le plus souvent celle d’un animal dans les légendes populaires, permettant ainsi de prolonger quelque peu la vie. Une chèvre, un zébu, un chat aux yeux vairons, une licorne, un yéti, que sais-je ?

J’imagine lorsque vous croyez à ce truc – ou que ça vous tombe sur le coin de la gueule sans avoir rien demandé à qui que ce soit – et que vous claquez, vous vous retrouvez, après avoir emprunté un escalator menant direct au paradis, devant une caissière acariâtre vous demandant d’une voix monocorde et impersonnelle de prendre un ticket puis d’aller vous asseoir patiemment dans un coin. Vous aurez vue imprenable sur le petit vieux qui a succombé à un arrêt cardiaque, le jeunot aux cœur brisé et poignets béants ou l’homme d’affaires pressé dont la voiture n’a pas pu faire grand-chose face au 5-tonnes. Chacun se verra affecter un animal voire un objet avec la dernière version de l’application, pot de fleur, vase, pneu, à votre charge ensuite le service après-vente si coup dur en termes d’utilisation.

Quand on écoute l’unique et fascinant album du projet MURMUÜRE sorti en 2010, on pense en effet à une sorte de réincarnation du Filosofem signé BURZUM, comme si Varg VIKERNES, sa tête pensante, était sorti de sa délirante réserve survivaliste et forestière pour reprendre les choses où il les avait laissées avant son incarcération pour un sinistre crime que nous ne rappellerons pas ici. Une impression renforcée sur le bien nommé "Reincarnate", meilleur riff black metal depuis des lustres antédiluviennes, "Jesus’ Død" peut-être, percutant et malsain à souhait. Autre similarité : le fait que le mystérieux F. se débrouille seul, jouant pratiquement tous les instruments (sauf la batterie) et réalisant les cris.

Similairement à son grand frère, Murmuüre est un album d’une grande limpidité malgré son escarpement, une fois qu’on l’a dompté. Tout s’enchaîne parfaitement lors de ces minuscules trente minutes de psychédélique dark ambient black metal psychotique réparties sur six titres. Soit presque autant d’étapes composant le deuil.

C’est bien de cela qu’il s’agit au fond : MURMUÜRE nous présente un deuil à tombeau ouvert. Après une introduction noisy bucolique, trompette à l’appui – nouvelle réminiscence de Filosofem et de sa pochette - "Primo Vere" nous expose le choc et le déni que revêt la perte de l’être cher à travers hurlements surhumains traversant une atmosphère poisseuse épouvantablement triste. Le climax "Reincarnate", via son riff surpuissant qui surplombe une ouverture subaquatique, plonge à pic dans un abîme de colère impossible à combler et encore moins seulement à décrire.

"Amethyst" et "Torch Bearer" seraient sujets à reprendre le dessus voire à essayer le marchandage pour leur cause. Mais bientôt "L’Adieu au Soleil" nous ramène progressivement à l’effroyable réalité avant la dissolution finale et l’acceptation de la situation : l’incroyable riff de clôture animant "Disincarnate".

Murmuüre est un album réellement habité et anti-lisse. En cela, il est rare et précieux. Malgré cela, à cause de sa durée ridicule – le syndrome Melody Nelson, chef-d’œuvre microscopique commis par Serge GAINSBOURG -, un successeur aux abonnés absents et "Torch Bearer", légèrement en-deçà, il échoue à quelques centimètres de la ligne d’arrivée symbolisant la perfection.

Même si à chaque écoute, ces arguments, comme de légères impuretés, auraient tendance à se désagréger, à l’image des derniers morceaux de chair pourrie par le temps finalement engloutis par les mouches lors de la désincarnation terminale.

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- F. (guitare, claviers, trompette, flûte, percussions, )
- Hugues Le Corre (batterie)


1. Primo Vere
2. Reincarnate
3. Torch Bearer
4. Amethyst
5. L’adieu Au Soleil
6. Disincarnate



             



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