En 1971, le groupe Kraftwerk, alors jeune et prometteur, ne sort pas d'album. Entre Hütter qui part et qui revient, Michael Rother et Klaus Dinger qui font à peu près la même chose, le temps pour créer un nouvel album manque. Mais ce n'est pas grave, NEU! est là pour ceux qui réclament leur dose de krautrock mécanique made in Düsseldorf.

Avec leur premier album, Rother et Dinger donnent une définition claire et limpide du motorik, et montrent également comment faire du krautrock de haute volée. En six morceaux (ou presque), Neu! s'impose de plus comme une référence du genre, rien que ça. Le duo met d'ailleurs les pieds dans le plat dès le premier morceau, "Hallogallo", au rythme enlevé accompagné d'un arrière-plan plus ou moins joyeux. Autre morceau d'anthologie, "Negativland" possède tout ce qu'il faut pour emporter l'adhésion de manière spontanée : ligne de basse simpliste mais entêtante, effets sonores terribles, breaks pertinents...si l'on n'est pas satisfait avec "Negativland", c'est le krautrock tout entier qui est renié. Dommage cependant que TOUT l'album ne soit pas aussi terrible. Je pense notamment à "Lieber Hönig", qui aurait pu être magnifique sans le chant atroce, qui donne envie de battre sa tête contre un mur.

A part ce titre et deux-trois imperfections, notamment au niveau de la production, le premier NEU! est un album incroyablement bon. Et si la légende dit vrai à propos du temps mis pour concevoir l'album, alors il paraît évident que Rother et Dinger ont eu un éclair de génie dévastateur. Mais la suite sera tout aussi bonne.