Elle a osé, elle l'a fait.

Avec « Blonde », Alizée prouve qu'elle n'a jamais rien dit, qu'elle ne dit rien et qu'elle ne dira jamais rien.
Il suffit de regarder la pochette de ce dernier album pour comprendre l'ironie tragique qui le guette. La chanteuse, fière de sa nouvelle couleur de cheveux y pose, sourire béat, la paume des mains sur les oreilles comme si elle-même semblait souffrir du supplice qu'elle nous inflige.
En effet, si aucun des morceaux de ce disque ne dépasse les 3min30, son écoute est longue, âpre et terriblement douloureuse.
Ça sonne sucré comme de la musique de fête foraine ou comme celle qu'on entend dans les centres commerciaux lorsqu'on accompagne sa copine de douze ans y faire les soldes chez Pimkie.
L'épreuve s'y apparente d'ailleurs étrangement : On essaye de prendre du plaisir à regarder la future femme de sa vie essayer de nouvelles tenues, en se persuadant que le temps va vite passer mais ça dure et ça ne donne même pas envie, un comble...

La musique d'Alizée ne caresse pas, ne provoque pas, elle agace mais fascine par son manque de sens. C'est une non-musique qu'il est essentiel de penser.
Pour qui « Blonde » a t-il été composé ? Il y a bien longtemps que les rares qui trouvaient des qualités à la chanteuse lors de ses débuts ont retourné leurs vestes et ce denier album leurs donne raison. Il faut chercher derrière les rideaux soigneusement tirés et les portes fermées à clés pour espérer trouver celui ou celle qui osera chanter par dessus les refrains ratés de morceaux indigestes qui se ressemblent tous.
Une guitare en son claire à peine funky, des synthés kitsch, une rythmique de boîte de nuit et une bonne dose d'auto-tune pour masquer l'insipidité du grain de voix de la chanteuse, il n y a rien à sauver exceptées les paroles qui entretiennent un certain suspens coupable.
A chaque nouveau titre on tend l'oreille pour bien saisir l'absurdité de ce qui est dit, et si la vacuité du propos fait d'abord sourire, c'est la consternation qui finit par gagner.

Il ne reste qu'une solution donc, fuir.
Partir loin de cette étrange musique qui ne se prend même pas au sérieux – mais comment le pourrait-elle ? - et qui se contente de mourir au fil des écoutes comme si elle n'avait jamais véritablement existé. Alizée elle même le sait, cet album est un ratage absolu, une caricature de ce que la chanson française peut faire de pire, et c'est peut-être sa seule raison d'être.
Si un jour Jenifer ou Zaz pensent avoir touché le fond, il restera toujours « Blonde » loin derrière pour leurs rappeler que finalement, il y a toujours pire que soi.