La dernière limite. Le point de non-retour. Tournée éprouvante et séparation entre Smith et Gallup suivront cet album d'une noirceur absolue.

Il a raison, l'ami Cameo : le contenu parolier de l'album nous donne une indication sans équivoque sur ce qui nous attend au cours de ces quarante-trois minutes de ténèbres. Outre les premiers et derniers mots de l'album, comment ne pas être estomaqué par le fameux "I will never be clean again", "An impression of sound, then everything is gone forever" ou encore "Everything as cold as life... can no one save you ?"

Jamais, JAMAIS The Cure n'a fait plus sombre, plus désespéré. Jamais Smith n'a eu chant plus lacrymal. Cet album est une immense tache d'encre, épaisse, noire, noire, et définitivement noire. En fait, je ferais le même constat que pour "Faith" : les morceaux un peu plus soutenus n'arrivent pas à nous contrebalancer l'ambiance générale de déprime. Je pense bien sûr à "The Hanging Garden" et ses géniales cavalcades à la basse.

Paradoxalement, The Cure a tellement imprégné son album d'obscurité que celui-ci en devient peu accessible. Là où les précédents m'avaient tout de suite séduit, je suis resté un moment hermétique à "Pornography". Mais à terme, comment ne pas se laisser aller aux divinement froids "One Hundred Years", "The Figurehead" ou "Cold", qui porte bien son nom ! Cette dernière est le sommet de l'album avec ses synthés proprement sinistres, vous n'en reviendrez pas indemnes, c'est un fait.

Mais difficile d'extraire le moindre titre d'un ensemble si uni, si homogène dans son cheminement sans retour vers l'enfer.