Alors que David Coverdale et Glenn Hughes ne jurent que par Ray CHARLES et Stevie WONDER, Ritchie BLACKMORE fait la gueule. Normal, c'est une seconde nature chez lui, me direz-vous. Vous êtes trop vilains ! Blackmore aime BACH, BEETHOVEN et davantage encore la musique Renaissance, le Baroque (n'roll). DEEP PURPLE le laisse perplexe alors il choisit de prendre l'air. L'homme en noir tricote des accords renversés, c'est une recette qui a fait le succès de "Smoke On The Water" et il entend bien essaimer plus avant cette formule magique.

C'est le cas dès "Man On The Silver Mountain" et encore sur "16th Century Greensleeves". La voix puissante de Ronnie James Dio rayonne, le monde découvre ce lutin majestueux au timbre chaud qui sied magnifiquement à l'univers empreint de Fantasy voulu par Blackmore. Il excelle aussi sur le registre Folk/trad, son interprétation de "Temple Of The King" laisse de langoureux frissons à l'auditeur sous le charme. Le diamant de l'album se situe en son mitan, "Catch The Rainbow" s'élève, souveraine entre toutes. Blackmore est allé lorgner du côté de Jimi HENDRIX, avec ses arpèges inspirés de "Little Wing", la voix de Dio faisant le reste.

On regrette que "Still I'm Sad" - reprise des YARDBIRDS - n'ait point bénéficié de son texte, mais pourquoi ? POURQUOI ? Parce que, si comme moi vous avez découvert cette chanson via On Stage, le remarquable Live du groupe publié en 1977, vous ne pouvez QUE vous sentir frustré. Sans quoi cet album ressemble tout de même à un side project, d'ailleurs il porte l'appellation Ritchie Blackmore's Rainbow. C'est la relation Blackmore/Dio qui fera basculer l'homme en noir vers l'émancipation. Les membres de ELF ne déméritent pas mais ont plutôt l'oeil fixé dans le rétroviseur du Hard Rock quand nos duettistes comprennent le potentiel Heavy qu'ils peuvent forger ensemble. Débarrassés des trois autres.

Pourtant les lignes de basse de Craig Gruber sur "Self Portrait" ou "Snake Charmer" sont bien sympas et Mickey Lee Soule parvient à tirer de jolies trames de ses claviers. Sur "Snake Charmer", Ritchie nous pond même un solo de guitare éblouissant. Oui mais. L'album est joué sur un train de sénateur et une moitié de ses plages est composée de fillers, de plus ou moins bonne qualité. "If You Don't Like Rock'n'Roll" et "Black Sheep Of The Family" sont même parfaitement anecdotiques. Ritchie Blackmore's Rainbow laisse autant un goût d'inachevé que de reviens-y. Reviens-y, mais secondés par d'autres compagnons. RAINBOW Rising !

Note réelle 3,5