Quand on a envie de musique mais que l'on ne sait plus trop quoi écouter, on peut toujours se replonger dans l'un ou l'autre des trois chefs-d'oeuvre de Nick Drake. Comme je l'ai à nouveau fait il y a une semaine ou deux par exemple. Et là, on a beau connaître depuis longtemps ( quelque chose comme 25 ans pour ce qui me concerne ), on est toujours surpris, voire époustouflé par l'invraisemblable qualité musicale de l'oeuvre que ce gars a produit. Et ému aussi. Comment ne pas l'être, quand on connaît son histoire, et que l'on écoute les paroles d'une chanson comme Fruit Tree, si tristement prophétique ?
Nick Drake, c'est une musique hantée par la mélancolie, comme semblait l'être l'esprit de cet artiste. Et pourtant elle n'est jamais "plombante". Au contraire. Car si l'on est réellement impressionné par les climats que cette voix, ce jeu de guitare et ces arrangements remarquables installent, c'est davantage encore la beauté intemporelle de ces morceaux qui frappe l'auditeur. Alors quand on en sort, on a pas du tout envie de se suicider : on est heureux. Heureux d'avoir écouté un musicien d'une telle qualité. Heureux qu'il ait existé et qu'il nous ait légué ça.
Ses trois albums forment à mon avis une des trilogies les plus impressionnantes de l'histoire de la musique pop, au même titre que celles créées à la même époque par ces deux autres génies méconnus que sont Laura Nyro ( Eli & the 13th confession, New York Tendaberry et Christmas & the Beads of sweat ) et Todd Rundgren ( Something/Anything?, A Wizard/A true Star et Todd ). Ceux-là aussi, on peut s'y replonger quand on est lassé du reste.