Entre Imaginos et Heaven Forbid il s'est passé 10 ans pile sans nouvel album du BLUE ÖYSTER CULT, la formation se contentant de tourner inlassablement comme elle l'a toujours fait depuis ses débuts. certes, il y eut bien deux malheureux titres sur la B.O. de Bad Channels en '92 et l'album de remakes inutiles intitulé Cult Classic en '94 mais à part ça, rien d'autre.
Le trio des débuts Eric Bloom/Donald "Buck Dharma"Roeser/Allen Lanier est heureusement toujours fidèle au poste, hélas il ne fallait pas compter sur un retour de la section rythmique composée des frères Bouchard ! dommage car ces deux là apportaient une vraie valeur ajoutée côté songwriting, sans parler de leurs talents d'instrumentistes et de chanteurs ! Cette diversité est bien ce qui a fait la force du BÖC durant 10 années de '71 à '81 et le groupe a vu son inspiration déclinée à partir du moment ou Albert Bouchard fut évincé. quoiqu'il en soit et malgré l'absence des deux frangins, Heaven Forbid est pour moi un vrai regain de forme après les trois albums précédents, même s'il est très loin de valoir les formidables Cultösaurus Erectus et Fire Of Unknown Origin, derniers chefs-d'oeuvre du groupe.
Heaven Forbid démarre toutes guitares dehors avec le furieux "See You In Black" dont les riffs n'ont rien à envier à ceux du courant thrash metal. le texte et le chant hargneux d'Eric Bloom fait également ressentir l'aspect puissamment heavy de cette compo. un début en fanfare !
Les superbes "Harvest Moon" et "X-Ray Eyes" sont eux dans la lignée habituelle des compos de Buck Dharma, c'est à dire avec un côté très chantant et accessible, ce qui n'empêche pas des solos incandescents de la part du guitariste ! encore deux 'classics' de plus au répertoire du groupe.
"Power Underneath Despair" est un titre rock typique du BÖC, comme il en produisait à sa grande époque. c'est puissant mais ça n'oublie pas au passage l'accroche et la séduction.
"Hammer Back" est un peu dans le même esprit néanmoins je suis beaucoup moins fan de cette compo assez rudimentaire et linéaire ou l'on sent un peu plus l'influence d'Eric Bloom.
En revanche le groovy "Damaged" me plaît beaucoup avec son riff et cette rythmique qui balancent bien, ainsi que l'orgue d'Allen Lanier mis bien plus en avant, ce qui donne un p'tit côté heavy rythm'n'blues à l'affaire (un peu comme une rencontre improbable entre les Bar-Kays, les Doors et Steppenwolf en quelque sorte).
"Cold Grey Light Of Dawn" est quand à lui, un bon rock mid-tempo bien robuste mais ultra mélodique.
"Real World" est plus cool et porte la marque de Buck Dharma, tout comme le titre suivant "Live For Me" qui aurait pu se trouver sans problème sur son album en solo Flat Out paru en '82.
"Still Burnin'" revient à quelque chose de plus costaud avec son riff de guitare acéré et cette batterie avec double pédalier bien plombant, mais la voix de Buck Dharma et les choeurs très mélodiques viennent contrebalancer cette aspect 'heavy'.
L'album se referme sur une reprise pas très utile de "In Thee" en concert, titre signé Allen Lanier qui figurait à l'origine sur l'album Mirrors en '79.
Heaven Forbid n'est pas un chef d'oeuvre mais après le très moyen The Revölution By Night et les décevants Club Ninja et Imaginos, je trouve que ce cru '98 relève franchement bien le niveau ! il était loin d'être évident de revenir à ce niveau après dix ans d'absence discographique et amputé de sa section rythmique d'origine, ce qui fait que j'attribue sans problème un 3,5 arrondi à 4 à ce réjouissant Heaven Forbid.
