Attention commentaire féroce, accrochez-vous aux cordages de cette galette-galère matelots et gare au mal de mer, le médecin du bord le Docteur Adam m'indique que le Nausicalm est épuisé et ça va tanguer un peu ! À l'abordage !
2011. Flash-info : la Maison Bleue de San Francisco est tombée en ruines de sa colline jusqu'à l'océan Pacifique ! Mais pas sous les coups d'un tractopelle ou d'un cataclysme naturel, non, mais plutôt d'un sabordage en règle, une catastrophe musicale : celle-ci ! Parés à embarquer ?
Genèse. 1989. Je me souviens, après "Né quelque part" j'avais eu envie de larguer les amarres à la faveur de la marée et poursuivre l'aventure Le Forestier sous le vent (spéciale dédicace à ma médiathèque d'alors !). Alors jeune corsaire j'avais ainsi redécouvert pendant ces escales certains de ses classiques (l'album "Mon Frère" décidément grandissime, un souvenir d'enfance avec : "Je veux quitter ce monde heureux").
En mettant les voiles j'en ai découvert d'autres ("After shave", "Des jours meilleurs" puis par la suite "Sagesse du Fou" ou encore "Passer ma route" entre autres)... Par la suite je suis parti découvrir d'autres mers bien sûr.
Il y a 9 ans j'étais tombé au hasard d'internet sur cette torpille en forme de suppositoire "Maison Bleue" et à l'écoute de ce Tribute à l'époque, sous le choc de la collision sous-marine j'avais senti poindre une larme (de tristesse hein, pas d'émotion) au coin de mon œil droit, l'autre se refusant paresseusement à suivre, se contentant de se plisser rythmiquement. Comprenne qui voudra... Comment oser s'en prendre au carénage d'un monument pareil !! Ce coup de tabac fut vite oublié...
Enfin il y a quelques jours en virant à gauche toute j'ai vu que cette croûte rassie était chroniquée, à sa juste valeur "notatoire", sur FP. Damnation. Allez, courage moussaillon, je pêche cette galette poisseuse en menant ma barque sur les flots du net et je la réécoute, sans grande conviction positive. Et toujours le même désarroi à ma boussole. Quel naufrage, quel carnage ! Autant scratcher un disque de Tino Rossi en réverb' ça reviendra au même ! (Pour les plus jeunes, Tino c'était un peu le Gims des années 30 version cheveux "brillantine", les lunettes miroirs en moins et une voix sans autotune taillée pour les opérettes. Mais passons...)
Il y a parfois des moments artistiques, telle une chaloupe sur une mer calmée dans la vie d'un chanteur, où un ange passe, grâce et volupté, d'autres moments où c'est le camion de tri des produits recyclables qui passe mais noblement, appliqué, impliqué... Mais là pas de doute c'était, à son insu, le camion des ordures ménagères qui passait, visqueuses, puantes ! Le gros problème c'est que ce dépotoir lui est tombé dessus sans filet alors qu'il n'avait rien demandé ! Pauvre Maxime, ces reprises, tu n'avais vraiment pas mérité pareille humiliation...
Côté contenu, à l'intérieur de cette "Maison Bleue" en perdition sans gouvernail, rien à sauver. Meubles, décoration, tout est à jeter, c'est plat, c'est bâclé, précipité, un Adamo apoplexique au bord de l'implosion, le Calogéro sorti de sa cabine qui nous bousille Mon Frère (un comble), seul un certain Daby Touré que j'avoue ne pas connaître surnage un peu, et encore en souquant ferme, dans la tempête pour un acceptable San Francisco ! Même le malheureux Stanislas (qui a dû se sentir bien piégé dans cette galère en panne moteur qui sombrait !) malgré toute sa voilure et sa bonne volonté ne pouvait rien faire de mieux que d'écoper dans ce désastre annoncé. Comme d'autres à l'époque il a dû remercier chaleureusement sa maison de disques pour cette chienlit !
Mais qui a eu l'idée de barge de faire reprendre bassement les chansons d'un album mythique de la Chanson Française, même pour un anniversaire (les 40 ans de carrière de Le Forestier) ?? D'aucuns diront : Euh bah POLY pardi ! Gagné. Quelle erreur de compas d'avoir succombé une fois de plus au chant de la Sirène Profits ! De la matière grise encore gaspillée en pure perte dans les bureaux d'une holding marketing à la dérive quoi ! Et un album original quasiment massacré, coulé. Sympa, merci POLY (D'OR il parait)... Ah ces maisons de disques, qui croyaient qu'ils avaient le vent en poupe à l'époque grâce au phénomène Tribute mais qui provoquaient surtout la panne sèche de la créativité...
J'avais déjà évoqué par le passé cette mode stérile des reprises (bon je mets l'opportuniste Adamo de côté, c'était la bouée de sauvetage trouée de cette aventure, de toute façon le-vieux-briscard-à-la-carrière-longue de ce groupe n'a pas pu éviter un chavirage par l'étrave du rafiot). Mais quand ces Major-Company comprendront-elles qu'il ne suffit pas de mettre le grappin sur quelques chanteurs (terme générique usé jusqu'à la corde) du moment, de les arrimer derrière des micros en leur faisant reprendre les textes d'un grand Artiste, assez difficile à aborder en plus, pour que ça fonctionne ?
Les capitaines de ces vaisseaux fantômes échoueront encore à comprendre, tant qu'ils ne définiront pas un cap clair avec les écrans radars. En fait, à l'image dudit Le Forestier qui a repris avec bonheur l'inclassable et ardu Georges Brassens qui a jeté son ancre depuis longtemps : il faut de l'âme, de l'abnégation, de l'admiration (Maxime déifie Brassens), du coffre parfois, de l'investissement personnel, l'envie de s'approprier et vivre littéralement la chanson pour la comprendre... Et enfin du talent pour l'interpréter en faisant passer des émotions jusqu'à la fin de la traversée ! Telle est l'écume de la réussite. Ce n'est bien sûr que mon humble avis d'auditeur terre-à-terre, au pied marin mais aux tympans bien alertes !
Désolé si une houle colérique m'emporte ! Non mais sérieux... N'empêche que cet album sans âme n'est rien d'autre qu'une sombre m****, une de plus à oublier au fond de l'océan noirâtre d'une bouche d'égout ! Ou alors pourquoi pas se servir de cette galette pour caler un meuble ? C'est une vague idée bien sûr ! Ou disque de ball-trap pour les tireurs avertis ? PULL !! Et dire que ça s'est vendu ça, si si ! Mais est-ce que ça s'est acheté ?! Hum !
Bon, bref à déballaster sur des immondices abyssales d'urgence, ou à évacuer par le hublot de côté c'est vous qui voyez ! Préférez de loin embarquer sur le vaisseau amiral battant pavillon français du commandant Le Forestier : "Mon Frère", l'original, l'authentique de 1972 pesant plus d'un million de tonneaux-albums, il tient la barre et vous amènera à bon port ! Côté note après cette violente diatribe, sans surprise c'est un gluant 0 sorti des huileuses catacombes sédimentaires, qui doit hélas se hisser sur le pont avec un 1 bien vide de sens comme cette épave d'album...
PS : désolé de ce commentaire-coup de sang un peu dur, mais raz le bol de ces insipides reprises malheureusement irréfléchies...