Weezer est un groupe de rock avec une posture (?) assez étrange: les losers heureux.
Cet album, c'est la fraîcheur, l'énergie et la joie avec en filigrane l'échec amoureux, le manque de confiance en soi, la difficulté à faire face à ses responsabilités et la mélancolie. Et tout ça avec une pointe d'ironie et d'autodérision. Et ça semble parfaitement naturel, parce que cet album respire l'adolescence et la jeunesse, avec sa folle énergie, son ambition, son innocence, son envie d'en découdre, mais aussi ses erreurs. Après tout quand on est jeune, qu'est-ce que c'est qu'un échec? On est encore capable de se remettre sur pied, l'avenir est encore devant nous et il parait radieux.
Pour illustrer mon propos, il n'y a qu'à regarder la façon dont sont agencées les chansons: une chanson plutôt lourde et ensuite une chanson plus légère.
La saturée My Name is Jonas suivie par l'énergique et légère No One Else.
La mélancolique The World has Turned and Left me Here et l'hymne à la joie qu'est Buddy Holly (qui cache tout de même une part de noirceur dans ses paroles).
La déprime désabusée d'Undone, chanson qui prends progressivement en puissance pour mieux retomber et s'enchaîner avec la Beach Boysienne Surf Wax America.
Enfin le doux-amer d'In the Garage et l'insouciance d'Holiday.
Finalement, on conclut avec une ballade douce qui prends son temps, Only in Dreams.
D'un point de vue purement musical, on peut noter un goût pour les arpèges utilisées en transition et parfois en alternance avec des riffs simples et lourds au son grunge qui constituent l'ossature des morceaux. Une autre caractéristique du groupe et l'utilisation régulière de choeurs (parfois cantonnés à de simples "ouh ouh" comme sur Buddy Holly ou le tube Island in the Sun du Green Album)
Une bien belle réussite que cet album, symbole de ce qu'on pourrait appeler la relative insouciance. On y voit néanmoins les prémices de ce que sera Pinkerton, l'album de la désillusion, particulièrement dans Undone, qui se conclut sur des notes dissonantes qui ne sont pas sans rappeler le début d'Accross the Sea.
P.S: Arrêtez de lire mes divagations et allez écouter ce putain d'album!