Welcome To My Nightmare demeure l'un des incontournables de 1975. C'est l'un des meilleurs albums conceptuels de l'histoire du rock.
Dès le morceau-titre, on est plongé dans une ambiance poisseuse de film d'horreur. Suit le brillant « Devil's Food », futur cheval de bataille scénique, puis c'est la rencontre avec un sinistre conservateur (incarné par l'acteur de films d'horreur Vincent Price) qui se lance dans un monologue à la gloire de la fascinante Veuve Noire. « The Black Widow » demeure un excellent spécimen du hard rock des années 70, transcendé par les guitares de Dick Wagner et Steve Hunter.
Cooper se lance ensuite dans « Some Folks », numéro musical inspiré de Broadway, avec piano, cuivres et claquettes, popularisé sur scène par la célèbre danse des squelettes, l'un des sommets du show Welcome To My Nightmare.
Mais la véritable surprise de l'album demeure la ballade « Only Women Bleed ». L'un des cadres de la compagnie de disques fit écouter cette dernière à un groupe de personnes en leur demandant de deviner qui en était l'interprète : personne ne devina que c'était le Coop', certains crurent même qu'il s'agissait de James Taylor (!!!). Composée par D.Wagner en 1968, c'est une splendide chanson traitant de la violence conjugale. Il s'agit du titre le plus repris du répertoire d'Alice Cooper, notamment par feu Patrick Juvet (« J'ai Peur de la Nuit »).
La face B est tout aussi réussie et apporte son lot de nouveautés même si elle débute de manière classique par l'entraînant « Department Of Youth », hymne nous renvoyant au Coop' de naguère et des refrains simplistes à la « School's Out ». Alice se prend ici pour le porte-parole de la jeunesse et le morceau met en avant la chorale des gosses de Summerhill.
« Cold Ethyl », furieux hard rock, porté par les guitares perverses et assassines de Wagner et Hunter constitue la déflagration la plus violente de l'album et ses références à la nécrophilie firent grincer bien des dents.
Le milieu de cette face nous propose un voyage glaçant et halluciné au cœur du monde terrifiant des cauchemars enfantins, Alice au pays des horreurs, traumatisant triptyque s'articulant autour du troublant « Years Ago », de « Steven », peut-être le plus effrayant titre du Coop', et de « The Awakening », progressif retour à la réalité, quand les ténèbres ne se sont pas encore dissipées et que l'on se réveille tremblant et hébété après un cauchemar poisseux...
La fuite demeure la seule issue et c'est ce que nous propose l'énergique et positif « Escape », lumineuse conclusion de cet album marquant.
Pour finir, Vincent Price n'apparaît pas dans « The Number Of The Beast ». C'est un certain Barry Clayton que l'on entend au début du titre de Maiden. Le groupe avait certes envisagé de faire appel à Price mais celui-ci demandait trop. Cf. Wikipedia : « According to Dickinson, the band originally approached Vincent Price to record the passage, but were unwilling to pay Price's fee of £25,000. »