Ecouter "Songs The Lord Taught Us" a toujours été pour moi une épreuve. L'album dure quoi...38 minutes à tout casser (dans sa version vinyle originelle) et j'ai toujours besoin, au minimum, de 2h30 pour arriver au bout. Impossible de faire plus rapide, tellement je suis obligé, à chaque fois, et ce depuis 30 années de tentatives avortées, de revenir plusieurs fois sur chacun des titres de cet album que je n'hésiterai pas à qualifier de plus qrande arnaque temporelle de l'histoire du rock. En plus, je suis obligé de rester là debout, juste à côté de la platine, pour pouvoir user de ma main libre (l'autre étant généralement asservie à un verre de vin lorsque j'écoute ce disque) de façon à bondir juste avant la fin du dernier microsillon de chaque titre pour le remettre au plus vite au début, et sans trembler, comme il se doit. Pire, je deviens vieux, et je dois surveiller mon poul, ce qui n'est pas toujours compatible quand on doit tour à tour imiter le tempo tribal du batteurissime Nick Knox (à jamais regretté, snif), les rhytmiques deltabruitistes du maître voodoo Bryan Gregory (à jamais regretté, snif), les riffs solodestructeurs de la Venimeuse en chef, et les vociférations éthylhallucinées du maître-es rockandfuck Lux Interior (à jamais regretté, sniff). Ma chérie me regarde un brin compatissante (elle aime beaucoup, elle aussi, sinon on serait tous les deux dans des univers parallèles et je ne la mentionnerait pas), mais l'amour est bizzarement mis en scène dans un album qui débute par ces mots : "Oh baby, I see you in my TV set / Yeah baby, I see you in my TV set / I cut your head off and put it in my TV set / I use your eyeballs for dials on my TV set / I watch TV / I watch TV / Since I put you in my TV set" Pourtant d'amour il est bien question ici. D'intégrité et de folie aussi. Trois concepts qui se marient bien je trouve. Ce "Songs The Lord Taught Us" sera le seul album auquel aura participé Bryan Gregory. On le retrouve ensuite sur certains titres d'une compilation que je trouve, sinon supérieure, au-moins égale à cet album : "Off the Bone" est sorti en 1983, avec une pochette 3D et des lunettes comme pour aller voir "The Creature of the Black Lagoon" ("Bad Music for Bad People", paru en 1982 était à peu près identique, avec en plus un TV Set, qu'on a déjà sur STLTU et Uranium Rock pas indispensable à mon sens, mais plein de titres en moins, et pas des moindres). Bref, pour ceux et celles qui ont aimé ce "Songs...", il est primordial, non, essentiel, voire vital, de se ruer sur Off the Bone, où on croise des stars comme Roy Orbison ou les Trashmen et des Ovnis comme les "Novas" ou le Très Grand Hasil Adkins. Bryan étant parti mourir sous un champignon mexicain, les trois Cramps ont piqué le Kid Congo aux Gun-Club (sous les yeux envapés mais pleins de bonheur de Jeffrey Lee Pierce) pour un "Psychedelic Jungle" et un "Smell of Female" parfaits. La suite s'avérera plus erratique je trouve. Mais je vous laisse juger. Stay Sick étant, à mon humble avis de connaisseur fanatique adorateur suprème acquis à la cause, leur dernier grand (mais vraiment vraiment grand album), avec une Poison Ivy au Top of the Rock. La suite est tritounette je trouve et je préfère ne pas en parler en l'absence de ma psychiatre... attendez, je vais la chercher dans mon Frigidaire! (Oh baby, I see you in my Frigidaire / Yeah baby, I see you in my Frigidaire / Behind the mayonnaise, way in the back / I'm gonna see you tonight for a midnight snack / But though it's cold / You won't get old / 'Cause you're well preserved in my Frigidaire... Yeah!).