Certes, " The Downward Spiral " est un chef d'oeuvre, et sans doute l'oeuvre la plus aboutie de NIN. Certes, " The Fragile " est un sommet artistique, virtuose et élitiste tandis que " Pretty Hate Machine " demeure l'album clef d'une génération indus à venir.
Sur tout cela, nous sommes d'accord.
Mais " Broken ", c'est autre chose.
Rien ne saurait restituer aujourd'hui l'incroyable choc que fut pour certains d'entre nous la violente découverte de cette moitié d'album surgie de nulle part et qui bouleversa une bonne partie de nos repères musicaux.
C'est finalement vivre un moment privilégié que de se heurter ainsi à une oeuvre totalement novatrice, impossible tout d'abord à apprivoiser et à comprendre, avant de s'apercevoir après coup qu'une rupture vient d'avoir lieu dans l'histoire de... de quoi ? du metal ? de l'electro ? ou de la musique, tout simplement...
Personne n'aima vraiment ce disque au début. C'était trop dur. Même gavés de Death Metal à la fin de la décennie précédente, il y avait là quelque chose qui surpassait nos capacités d'écoute.
Mais l'on sentait aussi qu'il y avait là quelque chose qu'il ne fallait pas lâcher : une poignée de chansons, quelques passages instrumentaux, un abîme sombre, brutal et mélancolique. Rien n'a plus été comme avant.
Alors oui, l'indus a continué sa route, et Reznor a sorti des oeuvres plus abouties, plus arrondies aussi. Jamais il n'a égalé la puissance de ce disque décisif.
Bancal et foudroyant, court et dangereux : l'album punk de NIN.