Moi qui ai maintenant écouté attentivement presque toute la discographie de Mike Oldfield - à l'exception notable de Earth Moving -, je dois visiblement être "bon public", parce qu'aucun album ne m'a déçu, et surtout pas celui-là. Alors, évidemment, ce n'est pas le mythique Amarok, et ce ne sont pas les non-moins exceptionnels Tubular Bells ou Ommadawn, mais sorti de toute comparaison avec les autres albums de Mike Oldfield, en considérant celui-là indépendamment du fait que c'est "un album de Mike Oldfield", je le trouve très agréable. Tout d'abord, je lui trouve - chose qui, je pense, doit être une caractéristique d'un bon album - un caractère vraiment propre. Tous les effets bizarres distillés dans l'album, de ceux qui ouvrent Make Make à ceux omniprésents dans Music from the Balcony donnent la même sensation que reflète très bien la pochette: une libération, mais en même temps, une sorte de plongée vers l'inconnu (les cris et bruitages de Music from the Balcony donnent pour moi cette ambiance de jungle profonde, inconnue, incompréhensible). Ces bruitages concourent vraiment à l'unité du disque.
Ensuite, je pense qu'on peut vraiment séparer, comme toujours, les deux faces du disque. En ce qui concerne les chansons, j'aimerais bien dire que si les radios pop d'aujourd'hui ne nous balançaient que des chansons de cette qualité, ce serait mieux, non? De mon avis, c'est quand même clairement au-dessus de la moyenne des chansons pops d'aujourd'hui, ne serait-ce que par le travail sur les bruitages et effets. Les mélodies en elles-mêmes ne sont pas désagréables, voire entraînantes (Make make). Sans compter que No Dream est vraiment intéressante, comme l'a dit le chroniqueur, et sujette à susciter une réelle émotion. Et qu'Heaven's Open est vraiment très belle, et ethousiasmante - mais c'est sans doute subjectif.
En ce qui concerne Music from the balcony, je voulais dire que pour moi, ce morceau est au même rang que les autres morceaux de 20minutes de Mike Oldfield présents sur les disques organisés de la même façon. Certes, le procédé du collage est ici vraiment voyant, mais comme à chaque fois, au bout de 3 ou 4 écoutes, on s'y habitue, et finalement on trouve cela naturel. Pour apprécier ce morceau, il faut le connaître, mais une fois que c'est fait, sans atteindre la cheville d'Amarok, moi je trouve qu'il est vraiment bien. Pour l'ambiance qu'il distille (à travers ses bruitages notamment), un peu jungle inconnue, incompréhensible (par sa structure assez folle, psychédélique), pour ces passages fous, complètement "débiles" come a dit le chroniqueur, mais d'une force communicative, et propre, pour moi, à se laisser enthousiasmer par la puissance qu'ils délivrent. Et puis, si le thème au clavier qui ouvre le morceau peut être assez énervant en début de morceau, quand on le retrouve par la suite, il sonne plus naturellement (un "plus" très relatif). De plus, le passage à la guitare qui le suit immédiatement est émouvant, et propre à "faire rentrer" dans le morceau, si le premier thème rebutait, et à porter l'écouteur dans les profondeurs d'une jungle si étrange qu'elle semble presque sortie d'une autre planète. Enfin, la batterie, très prononcée de ce morceau, renforce cette ambiance jungle. Ou alors, telle qu'elle est utilisée seule avec le piano (notamment à la fin), propre à susciter cette émotion de calme en pleine tempête, évoquant certains passages de The Wind Chimes. Enfin, j'ai trouvé vraiment intéressantes et enthousiasmantes les interventions des cuivres dans ce morceau. Qui rappellent un tout petit peu Platinum.
Enfin, je trouve donc ce disque très bien. Soyons honnêtes: si Mike Oldfield n'avait pas composé avant Amarok, Tubular Bells et la série des "grands morceaux", mais uniquement ce qu'il a fait après Platinum, n'aurait-on pas trouvé ce disque excellent, du moins original, et intéressant par cet instrumental de 20 minutes? En ce qui me concerne, si. Et ce morceau est pleinement, pour moi, un Mike Oldfield, celui des disques à morceaux de 20minutes trop dénigrés pour moi.
