Petite précision : la plupart des grooves de basse qu'on entend sur cet album ne sont pas joués live par Trey Gunn mais déclenchés via MIDI par les V-drums de Belew. Ceci expliquant qu'on ait parfois l'impression qu'ils sont quatre à jouer : batterie-basse-guitare rythmique-guitare solo (ou marimba, ou vibraphone, ou piano, ou soundscapes...).
Du coup le gros point négatif sur le double-album, c'est le côté répétitif, inhérent aux boucles préprogrammées, qui a un peu tendance à taper sur le système dans les morceaux les plus longs : Space Groove II & I.
Ceci dit, dans une sorte de tradition "acid jazz", c'est parfois très prenant de suivre les musiciens qui se cherchent, qui démarrent de façon assez carrée, puis détricotent pour recréer. Fripp délivre notamment de beaux solos, chromatiquement très riches. L'ennui, la chronique le pointe très justement, c'est que parfois on a l'impression que faute de s'être trouvés les musiciens reviennent sur le groove de base.
Si le deuxième disque (en fait un long morceau de 51 minutes) passe mieux, c'est qu'il évite l'écueil de la répétition... mais pour parfois tomber sur celui de la frustration : telle ou telle idée qu'on pourrait aimer voir développer est abandonnée, on passe à autre chose. Les joies de la musique improvisée...
En résumé, plein d'idées, des ambiances assez variées (lumineuses parfois, angoissantes souvent, planantes très souvent) sur un disque qui ne peut s'écouter que dans certaines dispositions d'esprit évidemment.
A replacer dans la continuité des impros que KING CRIMSON délivrait dans sa formule double-trio 95-96 plus que comme une préfiguration du CRIMSON qui sortira "The ConstruKction of Light" ensuite. Preuve sans doute que Fripp lui-même n'a pas été convaincu par le potentiel de cette musique.
