Rien à dire sur la prod, elle est propre et classieuse comme toujours chez Eddy, pour le reste, rien ne m'a vraiment emballé. Comme le pense Nestor, c'est du Schmoll qu'on semble déjà avoir entendu des tas de fois en mieux. Et moi qui aime surtout le crooner tendre et nostalgique qui nous a tant régalés sur des ballades somptueuses, je me surprend ici à préférer les morceaux plus rock et rapides comme "Garde tes nerfs" (Calogero l'a gâté, j'adore le final instrumental très "série US 70") ou "Ne parle pas de moi" sur un pauvre gars qui s'inquiète de ce qu'on pourrait dire sur lui pendant qu'il est derrière les barreaux. "Roulette Russe" chanson inoffensive et cynique sur les divers modes opératoires de suicides, très sympa, même si dans le genre morbido-léger, j'avais préféré le "On meurt" de Chamfort en 2015. Agréable aussi (mais sans surprise) sa reprise du standard de Chuck Berry.
Néanmoins, au risque de me contredire, celle qui a eu le meilleur effet sur moi, c'est une plus calme "Je suis comme toi" sur laquelle Eddy s'assimile au "citoyen lambda" avec tous ses petits défauts. C'est ce qui me semble le plus se rapprocher d'un tube potentiel si on devait difficilement en distinguer un dans le lot. L' "Icône oubliée", tout est dans le titre, n'a rien d'inédit mais se laisse entendre sans déplaisir. Il y a aussi sa cover de "Stardust" qui est plutôt réussie mais je suis gêné par l'adjectif possessif dans "MA star de mes nuits", j'imagine bien que ce ne sont ni la star, ni les nuits d'un autre qu'il évoque, donc j'aurais été plus à l'aise avec "LA Star de mes nuits". Je sais, je pinaille.
L'hommage au pote Johnny était attendu (trop ?), il est correct, sans plus, car en choisissant principalement l'angle de l'idole qui se croyait protégée de ses excès par l'amour du public (et de son entourage, je suppose), Eddy passe à côté de l'essentiel : me toucher. Je préfère "Droite dans ses bottes", un rien opportuniste en plein mouvement "me too" mais le message ne sombre pas dans le pathos et on est de tout coeur avec cette femme déterminée à faire éclater la vérité pour espérer des jours meilleurs. Opportuniste également mais aussi démago à souhait, "Né dans le ghetto", sur les mômes des cités ne pouvant s'en sortir que grâce à la musique, a failli m'achever avec ses pauvres rimes en "é" sur les refrains. Et je n'ai pas davantage goûté à celles en "as" sur "Que viva Las Vegas", je n'en peux plus de l'Amérique qui ne ressemblerait plus à l'Amérique.
Mais ma plus grosse frustration, c'est sur "Les Blessures de l'amour" qui aurait pu être une des toutes meilleures mais au paroles tellement didactiques qu'elles semblent parfois tout droit sorties de la bouche d'une psy invitée sur un plateau de "C dans l'air" pour expliquer le mécanisme des violences conjugales qui ne seraient que la reproduction d'autres violences subies dans l'enfance... oh ! Lourd et regrettable.
Le grand point positif , c'est que la belle voix d'Eddy semble éternelle, même si au rayon "dinosaures", j'ai nettement préféré le dernier Lavilliers.