Comment dire que cet album fait partie de mes préférés de Porcupine Tree sans me faire taper dessus ? Certes, il manque de maturité du point de vue de la production, de l’instrumentation (la boîte à rythme de ‘Jupiter Island’, tous ces collages psychédéliques absurdes), du chant surtout (spoken words ou filtres nasillards), mais aussi des compositions (‘Footprints’ reine de l’incohérence grâce à ses arpèges étranges et à son refrain honteux à la signature rythmique spéciale)… Mais quelle atmosphère… Peu importe les amateurismes et les incohérences, le résultat est un trip fascinant de 75 min qui se serait pas le même sans cette production délirante. L’artwork non moins délirant, et les sonorités particulières que l’on retrouve tout au long du disque introduisent un climat onirique et dérangeant, impossible à obtenir par exemple avec le songwriting et la production limpide des albums ultérieurs. Les synthés-flûtes de ‘Music For The Head’ ouvrent doucement l’album avant un ‘Jupiter Island’ un peu fade mélodiquement. Deux instrumentaux atmosphériques de 5 minutes au total servent de transition vers le premier plat de résistance du disque, malheureusement un peu oublié aujourd’hui : le trip psyché-prog ‘The Nostalgia Factory’ aux ambiances typiques du PT première époque avec ces longues nappes de guitares en introduction et en conclusion, à la rythmique saccadée et aux parties instrumentales accrocheuses. Le menaçant mais heureusement court ‘Space Transmission’ et le très bref ‘Message From A Self-Destructing Turnip’ (27 secondes!) font la transition vers l’excellent ‘Radioactive Toy’. La mélodie se retient bien, les nappes d’orgue combinées à la rythmique pesante font admirablement le job, et les envolées de guitares sont prometteuses. Dommage qu’il n’existe pas plus de versions live que celle (excellente certes) de Coma Divine (on passera sur l’introuvable Rockpalast). Pour conclure cette première partie, ‘Nine Cats’ fait plus que préfigurer les futures ballades pop de Steven, elle les tutoie. Certes la boîte à rythme est un peu bourrine et le chant est encore timide, mais c’est la seule piste du disque où Steven expose à nu sa voix encore timide. Les envolées guitares-trucs chelous (à cet époque Steven ne faisait pas la différence en Stratocaster et synthétiseurs) accompagnent intelligemment cette ballade psychédélique. Nous voici dans la partie la plus sombre du disque avec ‘Hymn’ (encore un de ces instrumentaux ambient anecdotiques) et le dérangeant ‘Footprints’. ‘Linton Samuel Dawson’ est quand à lui totalement barré (sans autre ambition), les inflexions de Steven à la voix totalement trafiquée qui délire totalement sur « the boredom of mankind