Moi je n’y comprends rien.
Sur le papier, ce disque est fait moi. Après tout je bouffe de la pop et du rock 60s toute la journée, à croire que je ne me nourris que de ça ou presque : psyché, baroque, sunshine, garage, mod, merseybeat… Ma famille s’inquiète et mes amis me regardent bizarrement. Jours après jours, ça n’en finit pas : il y en a pour des vies entières à tout explorer et je suis chaque année maintenu dans mon addiction par des dealers aux noms étranges comme Repertoire ou Sundazed…
Sans compter les talentueux héritiers qui, partageant mon obsession, décident parfois de la mettre en musique à leur façon : JACCO GARDNER, BRENT CASH, les GROWLERS, MASTON ou encore le français Mehdi Zannad (FUGU) qui vient de rééditer son fantastique premier album… J’ai accueilli tous ces gens-là à bras ouverts malgré leurs éventuelles imperfections.
Mais j’ai l’impression que notre époque a aussi accouché d’un autre courant musical qui n’a de rapport avec les 60s que dans l’esprit hâtif des publicitaires : il y a eu le pétard mouillé MGMT, la fausse musique de FOSTER THE PEOPLE, la supercherie TAME IMPALA, la vacuité sonore absolue des STRYPES… Et voici que depuis quelques mois la hype ne cessait de me souffler le nom de TEMPLES.
A vrai dire, les premières impressions fugaces étaient plutôt agréables à mes oreilles : quelques bribes mélodiques entraînantes et planantes, des riffs assez bien construits, une pochette soignée… J’ai failli acheter le disque avant même d’en savoir plus, ce qui de nos jours est une prise de risque à la limite du snobisme. Mais un éclair de lucidité m’a sauvé.
Que nous propose-t-on ici ? Une musique d’une monotonie aberrante, des compositions qui se ressemblent toutes, se répètent et trainent en longueur, une voix qui devient insupportable au bout de quelques minutes. Bourrin, le groupe parvient à s’auto-parodier lui-même dès la seconde moitié du disque. Le clou du spectacle : un son abominablement compressé et brouillon qui noie l’ensemble dans une sorte de magma gluant et laisse imaginer que le public ciblé est celui qui va écouter ça dans le métro sur des MP3 dégueulasses avec les écouteurs bien enfoncés.
Si quelques chansons font illusion au démarrage, le côté monolithique et étouffant l’emporte à chaque fois et distille une migraine savamment entretenue. Or, ce qui rendait les 60s géniales c'était tout le contraire. De la subtilité, de la diversité, des chansons vives, audacieuses, à la fois concises et sophistiquées, qui respirent, qui surprennent… Quand on me parle de TEMPLES, on me parle souvent des BYRDS, des BEATLES, de SPIRIT ou des NAZZ de Todd Rundgren. Allons bon. Il ne faudrait pas tout niveler.
J’ai l’intime certitude que ce néo-psyché, néo-60s ou je ne sais quoi, est surtout fait pour des gens qui n’écoutent pas la musique 60s.
Ce n’est pas interdit, chacun son truc. Mais il ne faut pas tout mélanger.