Parfois j'ai envie d'écouter du punk. J'ai toujours dans ma penderie une veste en cuir, avec écrit dans le dos 'Everybody loves you when your dead'. Je l'avais gardée pour mon fils, et j'ai eu deux filles. Quand j'ai essayé de la leur léguer, elles m'ont dit que ça serait bien si je la gardais, en riant. Bref, quand ça me prend, je vais fouiller dans les vinyles, pas classés, et hier soir je suis tombé sur 'Another Music..." D'abord je me suis dit bof, nan, pas envie, trop écouté, je vais me faire chier. Mais je l'ai mis de côté quand même. Pas envie de Crass, des Clash, des Pistols, de Wire, des Stranglers, de Parabellum... Va pour Buzzcocks (pas de "the" s'il vous plait!) A peine je le pose sur la platine que je tombe sur "Real Life" de Magazine planqué derrière un album de Rose Tatoo. Un signe peut-être, même si ça me ferait vraiment chier de l'admettre... Devoto s'est barré juste après la sortie de Spiral Scratch si ma mémoire est bonne et je secoue la tête sur Fast Cars. Le regretté Pete Shelley a donné à Devoto la structure de "Shot By Both Sides". Devoto était dans le public pour le 1er concert des Buzzcocks sans lui... Bref, un divorce qui se passe bien, comme chez la plupart des gens intelligents. J'aime bien. C'est l'esprit punk de Manchester. Le contraire du "No Feelings" londonien, et pourtant c'est avec la venue des Pistols à Manchester que tout à commencé je crois. Buzzcocks c'est un son (Martin Rushent sur cet album, choisi par Shelley parce qu'il avait bien aimé son travail avec les Stranglers), une énergie (I Need, par exemple), et des mélodies imparables, parce que Pete Shelley composait des tubes à la chaîne. Ils avaient beaux les triturer façon punk, y'avait toujours les mélodies, qui se fichaient là dans les cranes, et pas besoin d'écouter mille fois, c'était l'évidence. Buzzcocks dans l'histoire du punk anglais on n'en parle qu'après les Pistols, les Clash ou Damned, mais pour moi ils sont les seuls à avoir déjà en eux la maladie post-punk, et donc une belle longueur d'avance. Oui, Buzzcocks sont mes chouchous, parce qu'ils ont dans le sang l'intégrité de Manchester, un groupe de dandys dans une cité de prolos abandonnés au thatcherisme, et parce qu'ils ont des chansons qui donnent envie de se lever juste parce qu'on est des êtres humains et que ce qu'on avait en nous à 20 ans on ne peut pas le perdre. Fiction Romance, Autonomy (écrit par Steeve Diggle), No Reply... tout en fait. Cet album est un chef d'oeuvre instantané, comme le polaroïd d'un rêve qui pouvait germer dans un cauchemar. Pour les gens qui seraient intéressés, il existe un live enregistré à l'Hammersmith Odeon en 1979 qui s'appelle 'Entertaining Friends" et qui vraiment vraiment vaut le détour. Ps : à quand la suite de la dicographie sur le site?
