Si "Earth & Sun & Moon" n'est pas considéré comme le meilleur album du groupe, la pochette est peut-être la plus réussie de toute sa discographie.
A y regarder de plus près, il n'y a pas autant de variétés (je ne parle pas du style musical) sur "ESM" que sur "10 to 1" ou "Red Sails". Mais le son est plus organique, plus naturel. Le groupe paraissait vouloir se poser un peu, sans pour autant perdre de son énergie. "ESM" a une légère teinte hippie rien que par ses synthés, melotrons et claviers d'un autre temps. Quelques effets wah-wah et flanger, renforcent cette impression. Les textes eux-mêmes lorgnent aussi parfois dans ce sens.
Donc on aura deviné que le gros du travail a été effectué sur les arrangements. Ce sont surtout les choeurs qui impressionnent. Ils sont partout, sur chaque refrains ou non. Ils apportent une fraîcheur bienvenue en opposition aux tonalités arides de la voix de Garrett, et une puissance incroyable sur tous les morceaux. On pourrait croire que c'est surproduit. Mais on retrouve bien ces mêmes choeurs, principalement ceux de Hillman et Hirst, sur les versions live.
Revenons-en aux textes. Les principaux auteurs délaissent légèrement leurs préoccupations habituelles pour décrire tout ce qui nous rassemble d'une manière très conceptuelle. D'où le titre de l'album. Les textes sont souvent à double sens. Comme "My Country", qui parle de la stupidité de se cacher derrière le patriotisme, derrière un drapeau, de faire le jeu des politiques d'extrême-droite. La plupart des titres baignent dans une forme de lyrisme pas déplaisant. "Outbreak of Love" est l'un des rares titres du groupe parlant d'une relation amoureuse. Ca n'a rien de romantique pour autant! Dans un autre registre, "In The Valley" est l'une de ces rares chansons dans lesquelles un membre du groupe, ici Garrett, parle d'une partie de sa vie privée. En version unplugged, le groupe a arrangé ce morceau avec un piano, l'amputant au passage du bridge et du 3ème refrain. Piano aussi pour "Tell Me the Truth", pamphlet destiné aux médias. Ces morceaux perdent en patate ce qu'ils gagnent en mélodie. A double tranchant.
Si les compos sont irréprochables, on pourra reprocher à "ESM" d'être trop compact, et la recette "couplets basse - refrains guitares/choeurs" un peu répétitive. Ceci explique peut-être en partie le succès moyen de cet album. L'explosion de nombreux courants musicaux (grunge, metal, dance, electro, fusion...) à l'époque en est une autre.
4,25/5
A noter que, cette même année 1993, les Oils ont collaboré avec Daniel Lanois, The Tragically Hip, Crash Vegas et Hothouse Flowers pour produire le single : "Land".