En voulant prendre un virage musical folk-rock tout en revenant sur les bases d'origine, Midnight Oil s'est fourvoyé. La production est en cause. Comme par le passé (époque "Place Without a Postcard"), les Oils ne sont pas du genre à se laisser faire si quelque chose ne leur plait pas. Rob Hirst, le coeur du groupe, ne s'est clairement pas entendu avec Malcolm Burn. A côté de très bons morceaux ("Underwater" aux allures légèrement psychédéliques, le morceau folk "One Too Many Times", la pop song aux magnifiques choeurs de "Barest Degree" et "Gravelrash" debout sur son longboard), il y a des expérimentations mal développées ("Sins of Omission", "In The Rain" et "Home"), et le restant est une sorte de copié-collé pas désagréable (mais parodique) de ce qu'ils ont pu faire à leurs débuts. A noter le duo improbable Garrett-Emmylou Harris sur "Home". Même textuellement, le groupe ne s'est pas foulé. Les sujets habituels sont là mais sont plus effleurés que développés. Le fait de retrouver les membres du groupe à échanger leurs instruments selon les chansons donne l'impression d'un groupe en roue libre, sans réelle motivation. Aussi bons que soient ces musiciens, les compos manquent de l'énergie brute, de l'esprit contestataire et de ce style si singulier qui ont mené le groupe au sommet du rock de 1987 à 1993. Les quelques versions live existantes sur le net sont bien plus fluides et rock que celles de l'album. Même si on ne peut refaire l'histoire, il est probable que le groupe n'aurait pas disparu 'commercialement' s'il avait sorti "Redneck Wonderland" avant "Breathe". En 1996, le grunge était mort et l'électronique envahissait le rock.