Quelle horreur.
Un critique rock bien connu a émis l'idée qu'une pochette moche impliquait bien souvent un disque raté. Quand un artiste s'enfonce dans le mauvais goût et se fourvoie, cela se ressent dans tous les aspects de son oeuvre.
Ce n'est pas une équation infaillible, mais ici ça marche.
La pochette de ce disque est l'une des plus cheap et des plus laides de l'histoire du rock. Cette petite chemise ouverte, cette posture débraillée et ce look de dragueur latino de Saint Tropez, c'est grotesque. Et la musique est à l'avenant. Comment cet album a-t-il pu voir le jour ? Qui a vraiment écrit ces chansons banales, poussives, répétitives, mal jouées et mal produites ?
J'avais passé les années 80 à aduler Springsteen, j'ai été salement dégrisé par cette chose informe, dégoulinante de facilité et de mièvrerie. Les couplets sont mauvais, les refrains sont inconsistants, les arrangements sont ratés. Même le titre de l'album est nul !
Le plus triste est que le Boss lui-même n'arrive plus à chanter et commence à prendre ces fameuses intonations doucereuses qu'il affectionne dans les années 90 et qui mettent surtout en valeur son côté nasillard. Tout ici sent l'autoparodie, la crise d'inspiration et l'aveuglement.
Soyons clair : le talent, que ce soit en matière de musique ou dans d'autres domaines, n'est pas inépuisable. Dans le cas de Springsteen, tout a disparu quelque part entre 1987 et 1992.
Et c'est pareil pour Human Touch, même si la pochette - tout aussi criarde et torchée à l'arrache par un stagiaire - est légèrement moins kitsch. Dans ces deux albums, il n'y a même pas de quoi remplir un honnête EP.