Je crois surtout que la réputation des "Aristochats" a souffert (à tort) du fait que c'était le premier film d'animation que Walt Disney, disparu en 66, n'avait pas supervisé et qu'il était alors sans risque pour les rabat-joie et/ou "puristes" de dénoncer trop rapidement une perte de savoir-faire de la maison de prod'. Et il est fort possible que les Ricains qui n'ont pas fait un triomphe à ce nouvel opus en 70 aient été influencés par les réserves souvent injustifiées des critiques. Ce fut sans doute aussi pour eux une façon de rendre hommage à leur Maître en féérie après qui tout serait forcément moins bien.
En France, nous avons été plus irrévérencieux puisque le film figure parmi les meilleurs scores au B.O pour un Disney. Et je m'en réjouis parce que j'adore encore aujourd'hui "Les Aristochats" qui a beaucoup moins vieilli que certains de ses prédécesseurs et successeurs. Il acquiert avec le temps ses lettres de noblesse, devient un classique des studios et Télérama parle désormais de "franche réussite". Et je suis loin d'être certain que la comparaison inévitable avec "Les 101 Dalmatiens" ou "La Belle et le Clochard", auxquels il emprunte bien sûr quelques postulats, soit toujours en défaveur des "Aristochats". S'il est bien connu que "les chiens ne font pas des chats", "les chats peuvent aussi être les stars de films qui ont beaucoup de chien"*.
Voici enfin une oeuvre d'animation qui rend grâce à nos matous relégués régulièrement jusqu'alors aux rôles de vulgaires, sournois et stupides chasseurs de souris et de canaris dans les dessins animés. Les caractéristiques de la gent "domestico-féline" sont ici finement observées et drôlement restituées. Duchesse est au moins aussi travaillée et irrésistible que la cocker du Clochard et les chamailleries et piques entre chatons sont un régal. Et même Edgar, si souvent sous-estimé, est un crétin cupide de première classe. Tout comme la B.O inoubliable...
* à ceux qui ne l'ont pas vu, je recommande le récent et génial "Chat Potté 2 - la Dernière quête".