Kurt Cobain, piètre musicien, piètre chanteur...J'adore quand les chroniqueurs émettent ce genre d'arguments...Certes, ce n'est pas la technique qui obnubilait l'ami Kurt, oui mais voilà: quand tu bosses dix heures par jour avec tes potes, sept jours sur sept et que tu as donné des centaines de concerts comme c'était le cas de Nirvana, tu deviens automatiquement bon.
Cet album fut enregistré sur bandes, pas de pro-tool pour masquer les défauts, remettre la note en place, pas d'auto tune sur la voix non plus...
Combien de grands vocalistes sont-ils capable de se déchirer le larynx pour nous envoyer un Breed de derrière les fagots ? Smells like teen Spirit ? Lithium ?
Sans compter que sur le registre de l'émotion, cela donne un Something in the way ténébreux et envoûté à filer des frissons.
Certes, pour réaliser l'album, Butch Vig capte tout, laisse défiler la bande sans prévenir les boys qu'il les enregistre, leur fait parfois remettre l'ouvrage sur le métier, et au final assemble des bouts choisis parmi des heures de bandes, ok...Les Eagles ou Fleetwood Mac ne procédaient pas autrement.
(des nuls probablement)
Le producteur convainc Kurt Cobain de doubler sa voix en lui expliquant qu'ainsi faisait (saint) John Lennon, il fait de même avec Dave Grohl auquel il demande de placer de discrètes harmonies ça et là ( Polly, Come as you are...)
Kurt est réticent mais il finit par accepter les options proposées par Butch Vig.
C'est Andy Wallace qui réalise le mixage, s'étant fait une réputation avec entre autres Slayer ou Faith No More, il est choisi afin d'éviter que l'ensemble ne sonne trop pop.
Au final Nevermind, malgré les critiques de Kurt qui le trouvait trop lisse, va bel et bien révolutionner le landernau musical: fini les productions trop léchées, les synthés abominables , la reverb sur la batterie, les coupes de cheveux vaporeuses, le politiquement correct et les bons sentiments frelatés...Sting, Phil Collins, Michael Jackson mais aussi le Hair Metal, tous ringards du jour au lendemain et bon sang que ça fait du bien!
La dernière révolution du rock a eu lieu en 1991.
Depuis rien et ça commence à dater...Alors on a le droit de penser ce que l'on veut de ce Nevermind, de ne pas l'aimer, de croire que la Terre est plate et que c'est le soleil qui tourne autour, il n'empêche que l'on tient bien là un opus indispensable et incontournable de la grande discographie du rock'n'roll.