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Sheila
Oncle Jo
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le 13 Février 2022 par MARTIN LA BOTTE


Tout n'est qu'affaire de timing. Si en 69, Joe DASSIN alors conquérant parmi ceux qui prenaient le pouvoir dans les hits parades avait créé certains titres de l'album qui nous occupe ici et qui n'auraient pas dépareillé dans sa disco comme "Oncle Jo", "Elle est tellement jalouse", "La Colline de Santa Maria" ou "Fernando", nul doute qu'ils figureraient encore aujourd'hui au palmarès des tubes du chanteur à côté de "Siffler sur la colline" ou "L'Amérique" . Mais comme on est justement en 69, année erratique pour les ex-yéyés, si SHEILA tire encore son épingle du jeu aux passages en caisse contrairement à ses copines qui rament ou sombrent, aucun de ces morceaux ne deviendra un nouveau classique de son répertoire.

Le titre-phare, sympa et joliment troussé est fort recommandable, l'artiste va le défendre en télé dans une version rallongée pour y inclure un numéro de claquettes des plus convaincants. Si cet "Oncle Jo" sorti à l'automne est vaguement resté l'extrait le plus fameux de ce LP, ce n'est pourtant pas celui qui s'est le mieux vendu au cours de l'année car seul, "Arlequin", paru au printemps, permettra à la chanteuse de se classer in extremis dans le Top 30 annuel. Une fois encore, on peut féliciter les auteurs du titre, Claude CARRÈRE et Jacques PLANTE (les mêmes que pour "Oncle Jo"), d'avoir soigné paroles et musique pour une ritournelle noblement populaire au service de la passion du théâtre itinérant . Un texte de bon aloi sur une mélodie allègre qu'on pourrait tout à fait enseigner dans les écoles et collèges aux jeunes comédiens en herbe. Un titre soutenu aussi par une appréciable choré visible également sur scopitone.
Plus chaotique fut la carrière de l'EP choisi comme bande-son de l'été 69. CARRÈRE avait misé sur le slow "Love Maestro Please" qui aurait pu être gagnant avec une finition plus propre et un chant moins criard (principal défaut de 2 autres chansons de l'album, "La Ville", au demeurant pas inintéressante avec son intro très "série policière 70'" et l'anecdotique "Une petite pensée pour toi"). Comme les ventes eurent du mal à décoller, changement d'option et mise en avant tardive du mexico-hippie "La Colline de Santa Maria", plus festif, plus dansant (autre chouette choré) qui ne redressera pas le tir pour autant et on tient là la plus faible vente de SHEILA en 45t dans les années 60 (+ 100 000 tout de même !) .
En fait, le vrai tube estival était possiblement "Fernando" signé Daniel VANGARDE ( le papa d'un des DAFT PUNK), passé complètement inaperçu chez nous alors que l'année suivante, repris en espagnol, il va connaître une seconde vie sous le titre "Un rayo del sol" par le groupe LOS DIABLOS et cartonner dans une partie du monde hispanophone. Quinquas qui prenez la peine de me lire, si vous ne connaissez pas "Fernando", je vous invite à aller écouter les premières notes sur YT, il y a de fortes chances que l'air vous dise quelque chose... Peut-être alors quelques regrets à nourrir d'autant que la version originale est assez ludique avec ses rimes en o et en i « tout le samedi soir il perdit et se retrouva le lundi sans un radis ». Au rayon des covers mais dans l'autre sens, SHEILA adapte "Big Bamboo" (aux paroles originales à connotation clairement sexuelle) en "Il est tellement jaloux" beaucoup plus sage mais frais et entraînant.
En 69, SHEILA remplit les pages de la presse people pour sa première idylle officielle avec son professeur de tennis, un certain Pierre Cohen. Pierre, c'est aussi le prénom d'un des 2 personnages de "Quelqu'un et quelque chose", un étudiant qui va rencontrer "Annie" vendeuse en parfumerie le temps d'une mignonne romance prolo-optimiste. Changement de décor et de classe sociale, sur "Sheila-la-la", on serait davantage chez Sagan lors d'un cocktail entre riches oisifs au cours duquel la jeune femme confie à des amis dubitatifs sa chance d'avoir rencontré l'homme parfait. C'est délicieusement futile donc indispensable avec de bien séduisantes vocalises sur le final. Je laisserai à chacun le soin de se faire un avis sur "Bonjour monsieur le directeur" qui devrait se situer entre consternant et génial, entre "c'est quoi ça ?" et "oh ! c'est trop !". J'aime enfin beaucoup "Du côté d'où viendra le jour" et son ambiance d'exode "peace and love".
La pochette a des allures de PLV au rayon cosmétiques des Nouvelles Galeries, normal, le cliché a dû être utilisé pour promouvoir "La Boutique de SHEILA", chaîne de magasins encore très en vogue à la fin des sixties.

2,5/5, pas mon album préféré de la première décennie mais pas mal de titres qui ont finalement gardé un parfum rétro des plus suaves.













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