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Sheila
Solide
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le 02 Février 2022 par MARTIN LA BOTTE


Jamais estimation d'un album de SHEILA ne m'avait posé autant problème. Sans doute parce que l'annonce de la sortie imminente de ce recueil tant attendu avait pris des allures de quête du graal pour les fidèles qui avaient fini par désespérer d'ajouter une nouvelle pièce conséquente à leur collection après "Dense" en 1999.
13 ans d'attente et de manque pour 10 titres, c'est plutôt léger comme récompense. Yves MARTIN est aux commandes une fois de plus (la dernière) et ça se ressent, tant dans les chansons dont il est le co-auteur que dans la production.
"On s'en fout", au climat jazzy, est globalement sa plus convaincante, propre mais pas franchement marquante. "Pour un bout d'chemin" est juste sympa mais encore plus évanescente. "Je pardonnerai" pourrait être un des meilleurs titres avec son texte fort et son refrain conquérant (Marco y détecte une "sensibilité féminine", il est cependant vraisemblable que MARTIN l'ait pensé pour JOHNNY dont l'équipe semble avoir décliné l'offre) mais le morceau souffre d'un mixage médiocre et la voix de SHEILA se retrouve quelque peu noyée dans les choeurs sur les refrains.
Pas désagréable, "J'avais envie de vous revoir" n'avait pas sa place ici puisqu'il s'agit clairement d'un hymne de retrouvailles sur scène et ce n'est de surcroît qu'une resucée (moins légitime) de "Tu m'as manqué" offert uniquement en live pour le grand retour de la star en 98.
"Pour sauver l'amour" est certes plus accrocheur, il est même plutôt bien réalisé, mais ce titre chéri par SHEILA qui pensait tenir là un incontournable et qu'elle a surdéfendu en promo et dans ses concerts ultérieurs, est gâché par un thème rebattu et des paroles réchauffées; démonstration une fois de plus après "Film à l'envers" en 84, "Pour te retrouver" en 88 et "Dense" en 99, que l'artiste et feu son ex-mari étaient peu enclins à choisir l'extrait susceptible de lancer prestement un album sur la voie du succès.

Même sans MARTIN à l'ouvrage, on trouve encore du dispensable comme ce "Et je me passe" à l'écriture poussive. Du coup, le très synthétique "Mon Eldorado", des mêmes auteurs (GAZAN & DANDRIMONT) et sur lequel SHEILA avait osé l'autodérision en le présentant tel quel, sans remuer les lèvres à l'Olympia, ferait presque figure de bonus ludique et déton(n)ant. Il est clairement destiné à tous ceux qui gardent la nostalgie des années "french queen of the dancefloors".
Mais alors, s'il y en a, où vont donc se nicher les rares pépites de cet opus ?
"Une arrière-saison", sereinement grave, est sans doute le morceau le plus classieux de "Solide", il devrait séduire jusqu'aux moins inconditionnels, subtile interprétation de Sheila toute en émotion contenue et l'idée est aussi simple que belle. Il n'est tout de même pas interdit de déplorer la paresse de son auteure, Nina BOURAOUI qui a pondu un texte joli mais peu étoffé.
C'est du côté des 2 titres co-écrits par une certaine Aurélie ANTOLINI que l'harmonie entre paroles et musique est la plus remarquable. "Si je chante encore", extrêmement bien troussé, est un pied de nez élégant et hardi à tous ceux qui ont prédit/souhaité la capitulation définitive de SHEILA mais c'est mal connaître la résistance au combat de cette "guerrière". Enfin, sur l'autoritaire et très efficace "La Même histoire", la femme livre un constat douloureux et semble vouloir anticiper le terme fatal d'une relation passionnelle accidentée "je t'en prie, aide-moi pour qu'enfin nous cessions d'y croire.." mais de qui sollicite-t-elle l'aide ? De son compagnon ou celle du public ? Il était là, le tube de l'album !!!

Le visuel pochette, sans éclat et aussi engageant qu'une publicité dans "Notre temps", peut laisser supposer que, plus qu'une énième tentative de course dans les charts, la quête de reconnaissance pour l'artiste passe d'abord par un devoir supplémentaire d'authenticité. Les 2 n'étaient pas incompatibles, mais pour cela, fallait-il encore plus d'ambition créative (comme ce sera le cas en 2021). La déception prend donc le pas sur la joie de retrouver une vieille amie, surtout pour la célébration d'un "5x10".

Note réelle : 2,5/5 pour les 3 morceaux que j'aime beaucoup et aussi parce que cet album est paradoxalement associé à l'un des plus réjouissants concerts de SHEILA sur une scène parisienne (l'Olympia) à l'automne 2012, qui n'a malheureusement pas été capté et qui, lui, aurait mérité un petit "5 étoiles" dans la rubrique "live".













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