Le programme annoncé sur la pochette est respecté scrupuleusement : les mecs sont en effet absolument libres et tirent sur tout ce qui bouge, tout le monde en prend pour son grade, et l'auditeur en premier lieu ("Prends ta journée et va faire un tour en ville/Regarde les Nazis au pouvoir/Puis rentre à la maison et regarde-toi/Tu penses qu'on chante à propos de quelqu'un d'autre/Mais tu es un gens en plastique/Oh bébé, t'es tellement minable !"). Musicalement, c'est le fourre-tout, du jazz, de la pop, du crooning, des riffs à la Kinks, du doo-wop, des effets psychédéliques d'époque réalisés sur bande magnétique, du classique, tout ce qu'il était possible de rameuter alors pour dénoncer ce bordel ambulant était mobilisé et tourné en dérision, non sans tendresse, mais alors une tendresse foutrement virulente, planquée sous des tonnes de sarcasmes. Les mecs ont les moyens techniques de leur expression, alors ils les utilisent, et donc voilà une sorte de chef d'œuvre qui voyait clairement ce qu'est la société moderne, celle déjà démontée par Orson Welles dans "Citizen Kane". Des juxtapositions incongrues et des collages, beaucoup de rage, beaucoup de nerfs, peu de cœur et malgré tout beaucoup de plaisir. Des tiroirs caisses qui s'embrassent et des verres qui s'entrechoquent dans un casino. Oh que la vie est plaisante quand on a de l'argent !