Je me souviens encore de ma première écoute de cet album. Des trucs tels que "c'est quoi ces claviers de daube ?", "le claviériste semble sous l'emprise de celui des Doors", "rhâââââ, ces claviers, put...de zob !", et autres allusions pas sympa-sympa envers un des musiciens (devinez lequel) du groupe, me venaient à l'esprit. Et me gâchaient l'écoute. Par la suite, c'est curieusement vers ce premier Stranglers que je revenais le plus souvent, quand j'avais envie d'écouter un de leurs albums. Rien que pour la violence de "Sometimes", le long et quasiment progressif (pour un disque de punk, car ç'en est un, fallait le faire !) "Down in the sewer", ou bien "Hangin' around" que même ma mère, en l'écoutant un jour qu'elle entrait dans ma piaule alors que le morceau passait, trouva vraiment bien. Sans oublier "Goodbye Toulouse", "Princess of the streets", le délirant (les paroles) "Ugly"...et "Peaches".
La pochette ne cessait (et ne cesse toujours) de m'interpeller, je la trouve des plus étranges, entre les teintes, le décor très glauque, ce IV chelou et quasiment inexplicable que le groupe a mis sur la pochette alors que ce disque est leur premier (apparemment, ça serait parce qu'ils sont quatre...un peu facile), ce titre latinisant qui en jette... Les voix, celle de Cornwell ou de Burnel, sont parfaites, la basse de Burnel aussi, seuls les claviers de Greenfield sont, en alternance, de vrais coups de génie (l'intro de "Down in the sewer", "Sometimes", "Hangin' around"), ou des foirades quasiment risibles, faisant penser à de la muzak de fête foraine ("(Get a) Grip (on yourself)" m'insupporte, l'intro pourtant courte de "Goodbye Toulouse" aussi), du limonaire, en quelque sorte. Mais les Etrangleurs sans leurs claviers, c'est comme les Doors sans le même instrument, pareil.
Au final, ce premier Stranglers est un sommet, malgré deux-trois fausses notes (comme je l'ai dit, les claviers sur certains titres) et une certaine tendance à la misogynie qui, présente sur quasiment tous les titres, va vite cataloguer le groupe en 'bande de petits connards'. Mais ils sont aussi, limite, plus punks que les punks (Philippe Manoeuvre en sait quelque chose, lui qui, en 1979, fut scotché à un pilier de la Tour Eiffel par ces 'petits connards' alors qu'il les interviewait, pour Rock'n'Folk, au sujet de leur album "The Raven"), tout en offrant une alternative à leur musique des plus simplissimes. Un des disques de 1977.
Note réelle : 146/5