Quelques mois avant la sortie du disque, Mick Jagger annonçait que l'ensemble sonnerait plus'hard rock' que Tatoo You. Il précisait aussi s'être totalement désintéressé de la conception de la pochette, arguant qu'en ce début d'années 80, les ventes se faisaient essentiellement sous forme de cassettes audio. Dans ces conditions, pourquoi se fatiguer à soigner l'artwork ?
Rappelons aussi que ce nouveau Stones fut plutôt bien accueilli par la presse française lors de sa sortie (cf. la chro de Sacha Reins dans Best et l'article de Karl Zéro dans Rock&Folk).
Par la suite, Jagger déclarerait qu'il n'était pas fou du résultat final, estimant l'ensemble insuffisamment travaillé et ne sauvant que quatre compositions satisfaisantes.
Undercover n'est pas mon Stones préféré, loin de là. Par certains aspects, je lui préfère même Emotional Rescue. C'est avant tout l'album d'un groupe qui doit lutter pour imposer son nouvel effort, la situation de l'industrie musicale ayant changé de manière radicale en deux ans, avec l'avènement de MTV et du dieu vidéo-clip. Sans oublier les triomphes de Michael Jackson et Bowie.
D'une part, on a droit à des morceaux insuffisamment travaillés, reposant au mieux sur un riff correct ou un bon groove auxquels le groupe a décidé d'ajouter des ingrédients extérieurs afin d'en rehausser la saveur. Parmi ces 'additifs', citons les percussionnistes du groupe Xalam sur "Tie You Up", l'excellent saxophoniste David Sanborn sur "Pretty Beat Up" et Sly Dunbar et Robbie Shakespeare sur le reggae "Feel On Baby".
Si ce dernier titre s'avère réussi, peut-être le meilleur reggae enregistré par les Cailloux, il n'en va pas de même des deux autres qui s'écoutent plus comme des chutes de studio que de vraies bonnes nouvelles chansons.
De même, les trois derniers titres ("Too Tough", "All The Way Down" et "It Must Be Hell"), énergiques et aux frontières du hard rock permettent à Ron Wood de se fendre de solos sympathiques et relativement inspirés, ce qui n'avait pas été le cas depuis Some Girls. Mais, ces trois compos n'en sont pas moins basées sur des riffs déjà éculés en 83, Keith Richards donnant l'impression de donner dans le recyclage pur et simple. À l'époque, tout le monde avait capté que le dernier morceau était basé sur le riff de "Soul Survivor".
Keith Richards, justement, entonne le moyen "Wanna Hold You" qui connaîtra une seconde vie lors de la tournée Bridges To Babylon, la version live me plaisant davantage que celle figurant ici.
Restent trois morceaux plus aboutis (quatre si l'on inclut "Feel On Baby") : "She Was Hot", sympathique et classique, "Undercover Of The Night", excellent titre de funk rock, mélange de guitares abrasives et de percussions, permettant à Jagger de donner le meilleur de lui-même. Enfin, "Too Much Blood", avec son groove irrésistible, ses cuivres à la Earth, Wind And Fire, ses couplets entraînants et ses passages rappés, nous donne une idée de ce à quoi un bon album solo de Jagger aurait pu ressembler.
Il n'est pas surprenant que ces trois chansons aient donné lieu à des clips controversés et très politiquement incorrects, réalisés par Julian Temple, et que j'aime revoir de temps en temps.
Undercover est par conséquent loin d'être le meilleur Stones et n'intéressera que les aficionados du groupe. Il n'est pas non plus la merde intégrale dénoncée par certains.
3,5 points sur 5, arrondis à 3.