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Simple Minds
Real To Real Cacophony
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le 27 Avril 2019 par LEO


Même si la compo "Pleasantly Disturbed" laissait entrevoir de nouvelles possibilités pour SIMPLE MINDS, il y avait un monde entre tous les autres morceaux de Life In A Day et ceux de Real To Real Cacophony !
Il paraît que Jim Kerr eut la révélation en écoutant Unknown Pleasures de Joy Division (paru en Juin 1979) et qu'à cet instant précis il comprit que son groupe devait trouver son identité et changer de formule pour emprunter la voie d'une musique bien plus personnelle. Idée lumineuse, car ce deuxième album de SIMPLE MINDS est tout bonnement excellent et je trouve même qu'il se bonifie avec le temps (bientôt quarante ans en Novembre !).
Enregistré en Septembre 1979 (soit huit mois après le précédent), Real To Real Cacophony interpelle l'auditeur pour qui viendrait à le découvrir pour la première fois, avec ses morceaux courts, froids et presque robotiques par instant comme sur "Real To Real", titre d'ouverture calme et mélodique assez Kraftwerkien dans l'âme.
Par contraste, "Naked Eye" est quasiment déstructuré tant sur le plan vocal que musical. Le chant de Jim Kerr est hoqueté et plus déclamé que réellement chanté. Quant aux instrumentistes, c'est comme si chacun jouait sa propre partition sans se préoccuper de son voisin et pourtant le rendu reste évidemment très cohérent (la batterie passée à la gate-reverb est métronomique, les claviers aux effets démultipliés font des motifs spasmodiques, tandis que la guitare au son très brut plaque des accords tranchants et que de son côté la basse fait des figures mélodiques). Ce titre me fait immanquablement penser aux Sparks.
L'implacable "Citizen (Dance Of Youth)" est plus martial et là aussi la voix de Jim Kerr prend des allures angoissées et schizophréniques (on est à mille lieux du chanteur à la voix suave de New Gold Dream trois ans plus tard !).
L'étonnant "Carnival (Shelter In A Suitcase)" alterne tour à tour une rythmique sautillante façon ska ou bien post-punk à la manière des Skids, mais au final c'est une fois de plus aux Sparks que je songe !
Sur "Factory" l'influence de Magazine refait surface comme sur le premier album des MINDS, mais cette fois le groupe a bien digéré son inspiration initiale pour en ressortir avec un morceau original tout à fait convaincant.
Ensuite, deux instrumentaux plus expérimentaux se suivent. Le premier intitulé "Cacophony" est bref et plutôt étrange (la guitare égraine inlassablement le même riff, alors que les claviers donnent une atmosphère énigmatique). Le genre de truc qu'auraient pu composer Bowie et Eno sur Low par exemple. L'exotique "Veldt" est lui complètement barré avec ses bruitages improbables, sa partie de basse ondulante et ses percussions tamisées, tandis que Charles Burchill passe de la guitare au saxophone pour en tirer des sons écorchés dans le lointain. Les sonorités des claviers de Mick MacNeil sont liquides et éparses. on se croirait presque en pleine jungle ardente et hostile et s'il y a bien un seul morceau de SIMPLE MINDS qui m'évoque autant CAN que JAPAN, c'est bien celui-ci.
Le souple "Premonition" peut se rapprocher de Magazine pour ses sonorités de claviers, sa basse rampante et le chant de Jim Kerr, mais aussi de JOY DIVISION pour le son réverbéré de la caisse claire mixée à la façon de Martin Hannett.
L'entraînant "Changeling" avec ses figures cycliques (guitare/basse/claviers) donne un côté robotique et dansant à la musique du groupe. D'ailleurs, ces deux derniers titres à la rythmique hypnotique préfigurent déjà ce que sera Empires And Dance, le troisième album du groupe.
L'instrumental "Film Theme" est un intermède plus mélancolique mais pas dénué de charme.
"Calling Your Name" est un peu un mix des Sparks et de Magazine, entre romantisme glamour et urgence post-punk.
Comme l'a mentionné justement ARP2600, "Scar" qui referme l'album débute effectivement avec une intro vaguement celtique mais cependant la compo en elle-même et le chant me font un peu penser au ROXY MUSIC des débuts (l'une des influences de la formation) et à une vague réminiscence du morceau "Slow Motion" d'ULTRAVOX, mais passé au ralenti.
Un treizième titre fut mis en boite durant les sessions de Real To Real Cacophony mais il en fut écarté pour servir de face B potentielle. Il s'agit de "Kaleidoscope", joli morceau d'inspiration très Magazine (une fois de plus), qui paru à l'automne 1980 sur le flexi-disc livré en bonus avec les premiers exemplaires en série limitée du single "I Travel" (puis un peu plus tard sur la compilation Celebration sortie début '82 chez Arista). Il trouva finalement sa place sur l'album auquel il était destiné au départ, parmi les bonus du coffret X5 (édité par Virgin et qui regroupe tous les albums de SIMPLE MINDS de Life In A Day à New Gold Dream (81-82-83-84) inclus).
De par son côté foisonnant et quelque peu expérimental, Real To Real Cacophony pourrait paraître abscons et disjoint, mais personnellement je trouve qu'il n'en est rien et que ce second 33t de SIMPLE MINDS est parfaitement cohérent et que ce fourmillement d'idées rend au contraire cet album incroyablement séduisant et attachant.
Certes, les diverses influences du groupe n'ont pas totalement disparu, mais elles sont à présent suffisamment maîtrisées et bien intégrées à ces compos bien plus singulières.
Pour moi, c'est clair, ce sera un 5/5.













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