Déjà, la pochette. C'est vert, c'est fouillis, c'est la jungle, ça accroche le regard, et ça n'a rien à voir avec le minimalisme de la musique, balancée ici sans a priori par des gus certainement encore plus stone que les BEATLES quand ils ont conçu "Tomorrow Never Knows". Trois notes de basse et d'orgue qui se courent derrière le plus souvent, du chant en chœur comme de coutume chez les BEACH BOYS et une ambiance, comment dire, malsaine, qui annonce avant même que ce soit fini que les hippies c'est voué à finir chez Roman Polanski en carnage atroce. Ecoutez-moi ce break sur "Wind Chimes", ça fout des frissons. La "Woodpecker Symphony" sonne forêt hantée. "Wonderful", c'est l'échec, les rires idiots sur le pont font peur. Les bandes traficotées sur "She's Goin' Bald" sentent fort la cigarette qui fait rire, sauf que ça pue le malaise. "Little Pad", c'est une méditation à Hawaii qui a très mal tourné. Au milieu de tout ça, "Good Vibrations" dans sa splendeur d'avant le naufrage, une version hachée brouillonne de "Heroes & Villains" et la perle "Vegetables" d'assez bonne humeur. Pour toutes ses mauvaises émanations, j'aime ce disque. Je ne connais pas au fond plus mélancolique, plus désastreux, plus noir. On en sort plus heureux en se disant qu'on n'a jamais pu sombrer autant.