Une pensée pour ROBERT WYATT
Lorsque les Anglais parlent d’un « acquired taste », c’est pratiquement toujours pour expliquer pourquoi, nous, les habitants de la péninsule européenne, n’apprécions pas
la bière tiède. Mon dieu c’est qu’il faut avoir été éduqué sur l’île pour la savourer !
J’ai trouvé que certains dictionnaires de rock outre-Manche employaient cette expression pour évoquer le chant de ROBERT WYATT qui accoucha, avec l’aide de Deavid ALLEN, Kevin AYERS, Mike RATLEDGE, du groupe SOFT MACHINE en 1966.
1966, c’est aussi l’année où l’Angleterre remporta la coupe du monde de football contre l’Allemagne de l’Ouest. Cette coupe du Monde offrit aux journalistes et au public des anecdotes plus ou moins savoureuses.
Par exemple celle de la disparition de la Coupe quelques mois avant la compétition lors de sa présentation à Westminster. Finalement un petit chien, Pickles, aura raison des fins limiers de Scotland Yard. Il la déterrera dans un cottage pendant une balade visant à vider sa vessie…
Je reviens vers ROBERT WYATT. Sa voix. Elle ressemble à celle d’un « faisettiste », d’un contre-ténor si vous préférez, mais d’un contre-ténor mal en point. Un contre-ténor
renversé par une voiture ou un contre-ténor qui aurait pris du plomb dans l’aile à la chasse. Un artiste japonais dira que la voix de WYATT est, et de loin, la voix la plus triste de la planète car elle émerge d’un corps sérieusement amoché. Il est vrai que vouloir s’esquiver d’une fête en enjambant la gouttière extérieure d’une maison peut être un moyen de locomotion original mais non dépourvu de risques. Depuis ce jour, c’est le fauteuil roulant et de ce fauteuil WYATT n’a pas arrêté de nous peindre et chanter un monde toujours plus beau et toujours plus vibrant. Comme quoi les voix de fausset peuvent être magiques.
Avant son accident WYATT était un Jazznik qui avait par un concours de circonstances créé avec ses trois acolytes (je n’ai pas dit alcoolique bien que Robert… mais beaucoup d’eau a coulé sous les ponts) un groupe de rock, SOFT MACHINE. Groupe qui contre la volonté des gestionnaires s’est transformé rapidement et sans compromis en un groupe de « jazz », ce qui ne conviendra pas non plus à l’homme assis toujours en mouvement car à cette époque ceux qui donnait le ton étaient Kevin AYERS, Syd BARRET ou Jimi HENDRIX… Suivez le guide !
ROBERT WYATT a toujours voulu faire plus que révolutionner le monde de la musique, c’est pourquoi la sienne faisait référence à la Bubblegum pop, comme à Billie Holiday ou aux luttes des mineurs contre Madame THATCHER.
Oui notre musicien actif et de mouvance communiste ne s’est jamais lassé de dire que la pratique de la musique Pop de l’occident était un exemple de « tolérance répressive ». Finalement un moyen chic de cimenter les rapports existants entre les différentes classes de la société et non de renverser les « Maitres ».
Ainsi, à côté de chansons intimes et touchantes qu’il enregistre souvent d’après des textes de son épouse AFREDA BENGE, son penchant et son talent sont aussi pour des chansons à forte connotation politique comme cet hymne superbe qu’est « TURN THINGS UPSIDE DOWN » que nous pouvons savourer dans "DIFFERENT EVERY TIME".
Un poète engagé que ce ROBERT WYATT !
