Un peu des deux. L'album In a Sient Way est le résultat d'une séance d'enregistrement de trois heures le 18 février 1969 au cours de la laquelle Davis a donné la consigne à Tony Williams et Dave Holland de faire tourner un groove de façon répétitive (il poussera d'ailleurs le bouchon encore plus loin avec les lignes de basse de Michael Henderson à partir de Jack Johnson). Teo Macero a ensuite sorti sa lame de rasoir pour monter le tout comme il le fera également pour Bitches Brew, On the Corner, Get Up with It et d'autres albums. Il aurait à mon sens mérité d'être crédité à la composition tellement son rôle pour donner une forme à l'ensemble est important. C'est donc en tout cas davantage du "couper/coller", que du "copier/coller". Cette technique de montage utilisée par Macero s'appelle le "cut and splice" et influencera beaucoup de monde dont Brian Eno pour ne citer que lui. L'intégralité de la séance est disponible sur le coffret The Complete In a Silent Way. C'est intéressant mais assez roboratif. Sur la fin de vie, Macero en a beaucoup voulu à Columbia de sortir ces bandes non dégrossies.

Tony Williams a dit un jour dans un célèbre magazine en Août 71 qu'il n'aimait pas du tout "In a Silent Way" et qu'il n'avait jamais enregistré un disque aussi ennuyeux : D'après lui,c'est un disque où il n'y a rien, un travail de paresseux. Il n'aime pas non plus les albums suivants, mais il précise quand même que Miles a beaucoup apporté à la musique.

Tony Williams sera pour cette nouvelle période un peu plus tard remplacé par Jack de Johnette. Ron Carter nullement conquis au jeu électrique laissera la place à Dave Holland, puis Herbie Hancock laissera le piano pour Chick Coréa. Seul Wayne Shorter restera. Départs, arrivées, tournées les années 1968-69 seront innovatrices.
Les rencontres de Miles avec Hendrix ne le laissera pas de bois, la mutation électrique est là. D'ailleurs un musicien comme Sun Ra avait donné le ton avec des bandes de montages, séquences coupées, collées donnant vie à des pages musicales qui n'avaient jamais vu le jour. (La réalité est trompeuse, comme la vérité selon Jacques Derrida) Téo Macéro avec Miles Davis deviendront des fervents du mixage. Et là naissance du son qu'allait bouder Tony. N'oublions pas John McLaughlin qui venu du rock apportera du sang neuf, ainsi que le piano électrique Fender Rhodes qui ouvrira grandes les portes à ce bientôt tout le monde appellera "la fusion ou le Jazz-rock) Puis ne rechignons pas ce titre vient d'un superbe morceau de Zawinul. L'expérimental de ce disque avait du bon il nous annonce Bitches Brew, album qui laissera des traces et des voies dans ce monde du jazz qui s'ouvre sur des horizons nouveaux.

Ben moi je préfère largement celui-ci, plus accessible, que le "Bitches Brew" tant vanté !