U2 a absolument voulu aller jusqu'au bout de ses expérimentations électroniques abordées sur "Achtung Baby". Après le rock electro inspiré, la pop electro 'dépôt', c'est au tour du rock/pop/electro mélancolique. U2 perd ici sa pêche d'origine afin de développer des ambiances avec de nouvelles technologies lui ouvrant les portes de l'indus voire de la dance! Là où "Zooropa" s'essayait avec une désespérante maladresse à créer des atmosphères, "Pop" y parvient déjà un peu mieux. On retrouve les infrabasses façon "Achtung Baby", les parties de batteries parfois robotiques, un The Edge impressionnant de maitrise des effets et un Bono fidèle à sa modestie légendaire. Ce sont les arrangements électroniques et autres nappes synthétiques qui donnent surtout la couleur de l'album.
Ce qui n'empêche qu'avec U2 dans l'electro, c'est soit bon soit mauvais. "Pop" n'y coupe pas" et se place plutôt dans la 2ème catégorie. Déjà, il faut mettre de côté les classiques de U2, genre "Last Night", "If God", "Staring", "Please" ou l'excellent "Wake Up". Rien de bien neuf ici. U2 a toujours eu des facilités pour satisfaire les ondes FM. Maintenant, on rentre dans le vif du sujet. "Discotheque" montre un u2 à l'opposé de son image des 80's, encore plus que sur "Achtung Baby". Déroutant mais plaisant à petite dose. "Do You Feel Love ?" rentre dans la catégorie 'atmosphérique'. C'est sympa mais insipide sans les effets. "Mofo" n'est simplement pas du U2. Les Irlandais se prennent pour ce qu'ils ne sont pas. C'est prétentieux. "Gone" est l'avant-garde de ces chansons sirupeuses et complaisantes dont U2 abusera sur les albums suivants. Du Coldplay en avance sur son temps. "Miami" est loupée. Pas de mélodie. "The Playboy Mansion" est une gentille ballade. L'utilisation des effets de The Edge est simple et de toute beauté."If You Were" met du temps à démarrer avant que les quelques gimmicks de The Edge viennent agrémenter le morceau. On reste malgré sur sa faim. Quant à Bono, il fait une consommation habituelle de ses drogues ('Jesus', 'God' et compagnie), mais il est plus naturel avec une voix posée, parfois presque susurrée, qu'en forçant les falsettos et les 'yeah yeah'.
Bilan : les expérimentations sont encore loin de faire l'unanimité. Mais la production est autrement plus aboutie que sur "Zooropa". Il se dégage de ce "Pop" une grandiloquence effective, teintée d'une forme de sincérité qui se dégage ponctuellement. 2,1756839/5