Après une tournée de 8 mois aux States et en Europe entre Octobre 91 et Juin 92, RUSH prend le temps de souffler un peu et choisi de ne pas publier d'album cette année là.
Le trio revient l'année suivante avec Counterparts qui voit le retour du producteur Peter Collins (qui avait oeuvré sur l'excellent Power Windows et le bien moins enthousiasmant Hold Your Fire).
Le disque débute énergiquement avec "Animate", un morceau qui pulse bien avec sa basse robuste mais également ondulante et des claviers en sourdine juste pour souligner une ambiance et qui savent s'effacer au bon moment.
La guitare d'Alex Lifeson n'en est pas pour autant au 1er plan (c'est la basse qui domine ici). on l'entend plus distinctement sur le cours solo.
"Stick It Out" démarre toutes guitares en avant et l'on se rend compte dès ce second titre que Counterparts sera un album plus musclé que les 3 précédents.
S'il y avait une légère touche de claviers en fond sur "Animate", là on en distingue plus aucune trace.
On remarque toujours cette basse chaloupée bien devant sur "Cut To The Chase" ainsi que l'alternance de parties de guitare en son clair et très saturé qui crée une dynamique appréciable (ce n'est pas l'agression sonore du tout long). et là encore, pas de synthés (juste une brève nappe d'orgue en fond durant quelques secondes sur un très court passage).
"Nobody's Hero" fait retomber la tension entretenue durant 3 titres d'affilée avec son intro à la guitare acoustique et ses arrangements de cordes (judicieusement mixés afin de ne pas en faire un morceau guimauve).
Je ne suis pas hyper fan de ce morceau mais celà dit, je reconnais que la compo est fort jolie et touchante et celà permet de casser une certaine linéarité, pour mieux revenir à des choses plus mordantes par la suite.
J'imagine bien "Between Sun And Moon" sur Hold Your Fire ou Presto avec des arrangements très lisses et des couches de synthés. ça aurait presque été une évidence sur ces albums, mais celà en aurait fait un morceau fort convenu.
Heureusement, cette fois RUSH et Peter Collins ont choisi le dépouillement et un son brut tout en gardant à l'esprit le côté mélodique de la compo.
"Alien Shore" récidive avec ses guitares bien crunchy et sa basse groovy très présente (c'est apparemment une constante sur Counterparts qui est un album qui balance particulièrement bien au niveau rythmique).
Le très beau "The Speed Of Love" est plus mélodique et relâché. c'est l'un des 4 titres de l'album à n'avoir jamais été joué en concert (avec "Cut To The Chase", "Alien Shore" et "Everyday Glory").
"Double Agent" est très morcelé dans sa construction toute en opposition. sur le 3ème refrain, on peut distinguer en arrière-plan quelques timides notes de synthés qui ne reviendront pas. l'absence ou l'effacement des claviers est incontestable sur ce disque.
"Leave That Thing Alone" est un instrumental sympa pas si éloigné de ce qu'avait pu faire le groupe sur Roll The Bones avec "Where's My Thing?". la guitare d'Alex Lifeson est aussi énergique qu'aérienne et la basse de Geddy Lee bourdonne tout autant qu'elle peut être funky.
"Cold Fire" est contrasté. les guitares sont abrasives dans leurs riffs mais cajoleuses en arpèges et le chant de Geddy Lee est superbe.
L'album se referme plus posément sur le mélodieux "Everyday Glory" qui voit enfin quelques synthés pointer à l'horizon (mais timidement celà dit !).
Counterparts est assurément réussi en tous points. il fait partie des meilleurs albums de RUSH et c'est sans doute le dernier du groupe a m'avoir convaincu dans sa totalité.
Contrairement à ARP2600, je ne trouve pas qu'il y ait rupture de style entre Counterparts et les albums précédents. on reconnaît très bien la griffe RUSH.
Non, là où il y a changement c'est dans l'approche du mix et du choix d'arrangements bien plus concis, débarrassés de claviers envahissants et qui prévilégient cette fois-ci des sons de guitare et de basse plus saturés et cru.
La musique n'est soudain pas devenu agressive, c'est l'enrobage qui est différent et la perception en est forcément chamboulée.
Le gros plus également sur ce disque, c'est la qualité indéniable des compositions dont aucune ne fait défaut ! (pour ce qui me concerne, ce n'était plus arrivé depuis Power Windows).
Un MUST.