Effectivement, on pense d'emblée à Hawkwind en écoutant "You" mais bien sûr également à Zappa, à Soft Machine et au Krautrock mais également énormément au Floyd des débuts jusqu'à DSOTM.
Normalement un disque de Gong ça peut et même ça DOIT faire peur, il suffit de jeter une oreille sur certaines de leurs digressions free jazz pour s'en convaincre mais en même temps ce collectif a vécu tellement d'incarnations différentes qu'on ne sait pas vraiment ce qu'on va trouver en posant le truc sur la platine. Et puis ailleurs on a survécu à un passage à l'archet et à plein de solos de batterie aussi.Et aux bizarreries de Crimson.
Pourtant nul n'est besoin de s'armer d'autant abnégation pour appréhender cet Opus, le top (pas trop rude et assez rock de surcroît) du chelou étant atteint sur le dernier titre, l'auditeur aura bien eu le temps d'être captivé auparavant par ce monument de musique à la fois groovy et planante, accessible tout en restant exigeante, éclairée par des passages instrumentaux jamais lénifiants, parfois percutants et souvent de toute beauté. On obtient un alliage de groove, de psychédélisme, d'absurde et de fantaisie parfaitement équilibré donc passionnant d'un bord à l'autre.
Gong livre ici un concentré de culture musicale Pop (dans le sens originel du terme qui vient de pop up et signifie "ce qui émerge" et non populaire même si le lien est réel entre les deux termes) à une époque où la culture de masses n'avait pas encore imprimé tous ses diktats, il est vrai.
Il n'empêche que cet album vieillit très très bien, l'envie affichée par ses interprètes au moment de sa production demeurant toujours aussi communicative.