Et là, ce fut l'effondrement.
Je vais être franc: en dehors de quelques exceptions (PIL, THE CHURCH, HAWKWIND, Robert Calvert, WIRE, DEPECHE MODE), je n'adhère absolument pas aux productions des années 80, une fois l'année 82 passée mais, plus encore, après 1984. L'ère top 50, boîtes à rythmes intrusives, programmations atroces, abus de synthétiseurs bas de gamme, la domination du moindre pignouf bon pour l'HP qui se prend pour le Thin White Duke, Edgar Froese ou Steve Strange l'espace d'un hit minable (oui on a dégusté en France à cette époque). Même les plus grands ont succombé à cette déferlante abominable. L'amour que je porte à Kate Bush ne me rendra pas le décevant et presque inécoutable "Hounds Of Love" plus sympathique. De même que la réussite du clip de la friandise "Sledgehammer" n'apaise en rien la déception voire la colère suscité par "So".
Oui, Tony Levin reste un monstre sacré de la quatre cordes. Manu est un batteur qui n'a plus rien à prouver. Bill Laswell et Nile Rodgers sont également de la partie. Mais plus aucune trace de l'innovation ni de l'avant-gardisme prodigieux de la période 78/82 (avec en bonus le "Plays Live" et "Birdy").
Le joyau du disque : "Red Rain". Eternelle "Red Rain". Intruse magnifique dans cet océan de pop exotique trop grand public et surproduite. "Don' Give Up" tient la route (Tony merci mille fois) et puis, bon, la voix de Kate et les textes poignants font avaler la pilule. J'apprécie enfin le duo avec Laurie Anderson, faussement serein et plutôt efficace sous ses dehors mécaniques et rigides.
Le reste est oubliable. Au risque de paraître froid et insensible, "Mercy Street" ne m'a jamais ému. "Big Time" est une horreur. Quant à "That Voice Again", difficile de faire plus insignifiant.
"So" est l'album le plus faible de la discographie de Gab', à égalité avec son successeur "Us" (dans lequel je ne sauve que l'excellent "Digging In The Dirt"). Il faudra attendre 2002 et le correct "Up" pour retrouver un Mister "Security" en meilleure forme, à défaut de pouvoir réitérer ses monuments passés.