"Strawberries" ... Voilà un album plus compliqué à cerner que je l'imaginais. Fut un temps : je l'adorais. Qu'en est-il aujourd'hui ?
De 1980 à 1983 (allez 84 pour le délire "Nasty") : la créativité des DAMNED est tout simplement impressionnante. L'extraordinaire "Black Album", le "Live Shepperton", l'E.P "Friday 13th", les singles "White Rabbit" / "Rabid Over You" (cette face B : à jamais la meilleure chanson du groupe) ... puis ce "Strawberries". Aussi réjouissant que frustrant.
Réjouissant parce qu'il contient en moitié des morceaux de légende. Le motörheadien "Ignite", "Dozen Girls", "The Dog", l'hymne anti flics "Gun Fury", "Life Goes On" et le psyché floydien "Under The Floor Again" sont imparables, déjantés et pour les deux derniers : poignants (ce solo beau à en pleurer du père Sensible). Le reste est agaçant ("Generals", "Stranger On The Town") outrancier ("Pleasure And The Pain ") et lourdingue ("Bad Time For Bonzo", beurk, j'ai beau n'avoir aucune sympathie particulière pour reagan : j'ai l'impression d'écouter l'épouvantable générique de "friends" avant l'heure, infect). D'autant que la production est beaucoup trop propre à mon goût (on est déjà loin du son garage qui régnait encore sur "Black Album"). Le punk en 1982, c'était définitivement les EXPLOITED, les DEAD KENNEDYS, GBH et DISCHARGE.
Au regard du nombre astronomique de bonnes chansons que les DAMNED avaient composé à l'époque (des chansons qui ont terminé en face B ou en obscure piste rare) : il y avait largement de quoi publier un second "Black Album".
Mon "Strawberries" idéal (parce que l'on a encore le droit de rêver) :
1 - "Ignite".
2 - "Dozen Girls".
3 - "Gun Fury".
4 - "The Dog".
5 - "I Think I'm Wonderful". Face B très punk de "Lovely Money".
6 - "Lovely Money". Délicieuse new wave rétro / cold disco (entre "Hiroshima Mon Amour" d'ULTRAVOX et "Dream Baby Dream" de SUICIDE) avec un spoken word anti Thatcher / anti La City signé Vivian Stanshall.
7 - "Life Goes On".
8 - "Under The Floor Again".
9 - "Fun Factory". Brillant single new wave futuristico-baroque, composé avec Robert Fripp en 1982, mais dont l'existence n'a été révélé qu'en 1990.
10 - Et allez, on garde en dernier l'outro "Don't Bother Me".
La version d'origine de "Strawberries", à moitié réussie, mérite la moyenne et pas au dessus. Dans la version de votre serviteur : on atteint sans problème les quatres étoiles. L'équilibre entre les deux amène par conséquent à trois étoiles. Un album sympathique mais pas le chef-d'œuvre pop/rock tant vénéré par certains.