Je vais plussoyer cette chronique déjà largement plébiscitée par les autres commentaires, mais aujourd'hui encore, il me semble salutaire de rappeler la clairvoyance et la pureté de "Wind & Wuthering", une perle exceptionnelle parmi les exceptionnelles, et pas seulement dans la discographie de Genesis. Une perle, et un ovni: car tout cela pourrait bien tenir d'une étrange allégation, tant il est vrai que nombre de fans n'ont jamais décelé sa véritable substance - dans cette phase transitoire, d'ailleurs, beaucoup lui préfèrent "A Trick of the Tail".
Alors oui, au sens démocratique, "Wind and Wuthering" n'est sans doute pas le meilleur album de Genesis. Et j'admets sans peine qu'il n'a pas la puissance cérébrale de la période Gabriel. Ni encore l'accessibilité du néo-prog moderne que Genesis va déployer à partir de "Duke". Mais pour moi, c'est justement là que se trouve sa valeur: "W&W", c'est le meilleur des deux mondes. C'est un pont magnifique entre l'ésotérisme des "Trespass", "Foxtrot", "Nursery Cryme" et autre "The Lamb lies down...", et le ton direct, incisif, s'appuyant sur des mélodies fortes et des arrangements somptueux, que le trio restant va encore dispenser au travers des "Duke", "And then...", "Mama", "Invisible Touch"... "Wind and Wuthering", c'est un album où Phil Collins démontre qu'il peut être un chanteur fantastique (davantage avec Genesis que jamais en solo), capable de véhiculer une foultitude d'émotions, un album où Tony Banks se révèle en compositeur génial (haaa, 'One for the Vine'... le chef-d'oeuvre oublié, délaissé en concert !...), où Steve Hackett met en lumière toute la valeur ajoutée de son inspiration éclectique et de son jeu d'interprète. Tout le monde est à sa place. Tout est juste. Et personne n'en fait trop. Une oeuvre peut-elle être géniale, sans en avoir l'air ? Lorsque l’ami Phil nous décoche son ultime « I miss you more ! » en conclusion de la prestation scénique d’ 'Afterglow', sur l’enregistrement de 1982, c’est fini, on n’en guérit plus, l’émotion est fossilisée à jamais. Que dire de plus, si ce n’est « The meaning of all that I believed before, Escapes me in this world of none … »