Mon préféré de Genesis. J’ai une affection toute particulière pour ce groupe à cette époque, et même si j’apprécie tous leurs disques jusqu’en 1977, celui-ci joue dans une autre division.
La musique va effectivement à l’essentiel en compactant ses titres, mais elle n’a jamais été aussi trouble, aussi floue, aussi obscure, si bien que The lamb est l’album idéal pour se fabriquer nos propres images mentales, là ou les autres disques pèchent par trop de transparence. Je ne trouve pas ce disque inégal, bien au contraire, c’est l’un des rares doubles albums qui parvienne à maintenir le même niveau du début à la fin. Les morceaux n'ont d'ailleurs pas été écrits pour remplir un format double, mais existaient pour la plupart depuis 1970. Par contre, The Lamb n’est pas du tout homogène, et la répartition des titres a de quoi surprendre, avec toutes les chansons sur le premier volume, les instrumentaux et les ambient sur le second.
C’est probablement le seul album où Genesis s’intéresse à la recherche de sons nouveaux. Certaines bidouilles ont pris un sérieux coup de vieux, mais la bizarrerie et l’étrangeté recherchées à l’époque restent intactes.
Le divorce est déjà prononcé, avec Gabriel pour les textes, et Banks/Rutherford pour la musique, le premier agaçant les seconds en ne bouclant pas sa part du travail à temps.
A.T.N. a très justement noté l'importance du jeu de batterie. Une technique et un touché mis au service de la musique. Les caisses claires sur les temps faibles, l’utilisation de la charleston, cette façon d’insérer du ternaire dans du binaire, sans avoir l’air d’y toucher…prodigieux. A cette époque, Collins ne compose rien, (et c’est tant mieux), mais il est la vraie force instrumentale du groupe, bien plus qu’un Hackett ou qu’un Banks ; encore un adepte de la technique invisible comme je l’affectionne. 95 minutes de grâce dans 35 ans de carrière. :-)