Cet album a beau être totalement déséquilibré, il ne mérite quand même pas une note aussi faible.
Une moitié du disque est excellente. La suite "Révolution industrielle" est prenante de bout en bout et illustre très bien l'inhumanité qui a accompagné cette mutation technologique sans précédent. La courte "Partie 2" est un modèle de tension dramatique, de mélodie et d'orchestration. D'ailleurs, ce n'est pas pour rien si, depuis la coupe du monde de rugby de 2007, c'est ce morceau dans sa version orchestrale qui accompagne souvent l'entrée sur le stade des 2 équipes internationales qui vont s'affronter...
Le morceau "Revolutions" est également une réussite, car mêlant habilement musiques orientale et techno. Replaçons les choses dans leur contexte : en 1988, la dance music/techno/new beat est encore un style qui n'a pas encore percé dans les charts européens (il le fera l'année suivante), et en ce sens, ce morceau était novateur et totalement dans le coup au moment de sa sortie. La version enregistrée en 1990 à la Défense avec un orchestre égyptien est d'ailleurs une tuerie.
Le reste de l'album est complètement raté : "Computer Weekend" et "Tokyo Kid" sont des daubes infâmes, "London Kid" est beaucoup trop facile, et "L'émigrant" est d'un kitsch hilarant. Mais le fond du trou est creusé par l'insupportable "September". André Gide avait écrit que "ce n'est pas avec de bons sentiments qu'on fait de la bonne littérature". Ce morceau totalement niais fait partie de ceux qui me font dire que cette parole s'applique aussi à la musique : au prétexte de servir une bonne cause (rendre hommage à une militante anti-Apartheid assassinée), JARRE se ridiculise dans les grandes largeurs. Cette chanson nullissime et les notes de la pochette arrière sont d'ailleurs symptomatiques respectivement du droit de l'hommisme "cul-cul la praline" et de la démagogie du politiquement-historiquement-moralement correct qui ont commencé à triompher durant les années 1980 en France.
J'écoute régulièrement cet album, mais sans jamais m'empêcher de zapper la moitié des titres.
Note réelle : 2,5/5
