Ne tournons pas autour du pot, le dernier album en date des PIXIES, Head Carrier, m'a très nettement déçu dans un premier temps. D'ailleurs, le simple fait que j'aie attendu huit mois avant de daigner le chroniquer le montre. Il faut néanmoins être beau joueur, ce n'est pas un mauvais album pour autant, juste pas vraiment ce qu'on aurait pu attendre d'un groupe aussi mythique au sein du rock alternatif.

Rappelons qu'ils avaient sorti en 2014 le modeste mais réussi Indie Cindy après 23 ans de silence discographique. À l'époque, j'avais conclu que Black Francis, David Lovering et Joey Santiago avaient simplement eu envie de refaire un disque, malheureusement sans la bassiste Kim Deal, qui semble être peu désireuse de se consacrer de nouveau à ce projet. Il n'y avait pas de bassiste attitré(e) sur Indie Cindy, mais ils avaient fini par dénicher pour leurs tournées, après quelques errements, la dénommée Paz Lenchantin, qui a fini par devenir membre à part entière du groupe.

Ceci nous amène fin 2015 où le nouveau quatuor a décidé de produire un nouvel album plus conventionnel. Autrement dit, sans EP éclaireurs, juste deux singles comme pour un disque normal, avec également un style plus homogène voire un semblant de thématique. C'est à la fois une qualité et un défaut, ce qui explique sans doute la diversité des critiques au sujet de ce Head Carrier. Pour ma part, le problème est double. Primo, le premier single, « Um Chagga Lagga », est une vraie chanson des PIXIES, bien explosive et provocatrice, qui nous ramène au temps de Trompe le Monde ; quant au second, « Talent », il est un peu simple mais quand même bien nerveux. Secundo, les premières critiques sorties dans les journaux et magazines étaient très positives, disant qu'il était bien plus solide que le précédent, qu'on avait enfin de nouveau affaire à un vrai groupe, etc. Je me suis donc attendu à un excellent album, voire à un brûlot comme ils ont pu en faire à leur grande époque... hélas, dès la première écoute, il a fallu grandement déchanter.

En fait, l'album est plutôt anodin, et fort inégal. La majorité des chansons sont lentes, très indie rock gentillet. On a même moins de ces rythmiques lourdes qui donnaient un minimum d'originalité à Indie Cindy. Le pire est atteint sur « Classic Masher » et sur les ballades d'une mièvrerie inacceptable de leur part que sont « You might as well be gone » et surtout « All I think about now ». Cette dernière est un genre de « Where's my mind » ralenti, chanté par la petite nouvelle, paraît-il pour rendre hommage à Kim Deal et la remercier. Je trouve ça de mauvais goût, vraiment, surtout que Paz Lenchantin ne sait guère chanter... pour quelques chœurs ça passe, mais pas comme chanteuse principale. Pour le reste, on va de l'acceptable au très bon, l'ensemble étant objectivement correct.

Les idées bizarres de Black Francis restent quand même intéressantes. Son catholicisme très personnel teinté de surréalisme et de francophilie reste assez unique. Ainsi le titre de l'album fait référence à Saint-Denis (qui porte sa tête, pas vrai). Il avait même été question de carrément le nommer Cephalophore (si ça, c'est pas une occasion manquée...) On reste dans les alentours de Paris avec « Bel Esprit » et « Plaster of Paris », tandis que la thématique religieuse est encore soulignée sur le féroce « Baal's back » et la conclusion mollassonne « All the Saints ».

Que dire de plus ? Si je n'aimerai jamais totalement ce disque, il faut reconnaître que certaines mélodies sont très accrocheuses. Des bouts de « Oona », « Tenement Song » ou « Bel Esprit » me reviennent sans cesse dans la tête et ce n'est pas déplaisant, même si ces trois-là sont trop conventionnelles. Si on ajoute ce point aux petites tueries que sont « Head Carrier », « Baal's back » et « Um Chagga Lagga », on ne peut décemment pas disqualifier cet album qui a forcément des chances de plaire à n'importe quel amateur d'indie rock.