Avec le temps, l'espace entre POND et TAME IMPALA semble se réduire. Ce n'est pas seulement parce que les deux groupes australiens ont trois membres en commun, mais aussi parce qu'après le succès massif de Currents, le dernier disque de TAME IMPALA, et ses récompenses en 2015, l'autre projet de Nick Allbrook, Jay Watson et Kevin Parker semble suivre le même schéma.

POND propose à son tour avec The Weather une pop aérienne de plus en plus marquée, même si en matière de folie, son univers va toujours plus loin que le groupe de l'antilope. Le légendaire FLEETWOOD MAC avait inspiré Currents, on en retrouve des éléments ici, mais également beaucoup de BEACH BOYS, époque Pet Sounds voire Surf's Up.

"Edge of the World, Pt. 1" est très parlant à ce niveau, son décollage du milieu en particulier, même si la réverbération outrancière posée sur la voix d'Allbrook l'éloigne toujours de l'illustre Brian Wilson. La fin du morceau quant à elle, évoque des thèmes glorieux façon GENESIS, auquel on a pu souvent de rapprocher la musique de POND.

Cependant, le rock psychédélique se manifeste toujours lors des moments les plus denses, mais d'une autre manière, disons "free". "Zen Automaton", en particulier, met l'accent sur la participation de cuivres inédits, avec force dissonances, bruitages et solos en roue libre, dans un style jazz virtuose et nébuleux. Le chant ressemble à du Joe JACKSON, à s'y méprendre !

Sur l'introduction du disque, "30000 Megatons", une sorte d'hymne ample et menaçant, on entend ces saxos massifs. Il y a de "l'effet dernier PJ HARVEY" ! Consciemment ou pas, en tout cas, sur un seul morceau, c'est déjà plus digeste et mieux traité.

Le saxophone du final de "Colder Than Ice" est autrement marquant. C'est l'un des points positifs qui peuvent convertir l'auditeur à ce virage plus direct, et le morceau entier demeure hypnotique et fabuleux. Tout comme le tube en devenir qu'est "Paint Me Silver" - écrit avec Todd RUNDGREN -, au même titre que "Eventually", "Yes I'm Changing" et tant d'autres sur le dernier TAME IMPALA.

Un mélange de soul et de synthpop, assez dandy avec du falsetto dans la voix ; c'est peut-être contre-nature, mais comment critiquer lorsque c'est bien fait ? De même, sur un versant créatif, cet "A/B" qui débute de façon bruitiste et continue en piano-voix feutré. "All I Want for Xmas (is a Tascam 388)", du haut de ses petites 2 minutes 30 avec son texte court et cynique, nous transporte suffisamment pour être retenu.

On a aussi l'ambiance soft aquatique de "The Weather" (dommage cependant que les effets de Vocoder soient surmixés), les guitares rageuses de l'excellent "Sweep Me Off My Feet", la seconde partie de "Edge of the World" avec son Mellotron et ses arpèges, son refrain final porteur... Bref, beaucoup de choses à se mettre sous la dent, même si pas toujours du même acabit. The Weather peut contenir certaines lourdeurs ("Zen Automaton"), mais c'est rare et ne nuit pas à la qualité globale d'un disque tout à fait réussi dans son domaine space pop-rock.