Bon, pas besoin d'être voyant pour se rendre compte que la direction musicale prise par Liane FOLY lors de son dernier opus n'est pas celle qui lui convient le mieux. Alors, machine arrière toute ! Il faut récupérer le smooth ultime que l'artiste savait distiller mieux que toute autre avec ses grands classiques « Au fur et à mesure » ou « Doucement ». On assiste donc au retour de Dédé Manoukian– la légende ne devrait pas démériter si les ex amants renouent avec toutes leurs vieilles habitudes -, le discret JJ GOLDMANN est aussi de la partie sur plusieurs compos.

Du coup, on débute ce nouvel opus avec « Badaboum » qui nous renvoie aussitôt aux plus grands succès de Liane. On retrouve ce ton gracile et suave, cette manière de chanter qui provoque de si belles sensations sur la gent masculine. Ce talent rare de pouvoir faire passer de telles émotions au travers de la musique, ce n'est pas donné à tout le monde. « Ma requête d'amour » évolue dans cette même ambiance, voyez quand elle dit « coquin » comme c'est efficace !

La petite gratte classique de « Déracinée », sur une composition d'Alice DONA, laisse augurer une chanson plus exotique. Le deuxième single possède un refrain qui rappelle à foison les grands tenants de la chanson française. Encore une fois, c'est assez joli, sans réellement convenir à la personnalité de la Lyonnaise. Pourtant, elle évoque ses parents et le destin des pieds noirs, le départ d'Afrique du Nord, c'est bien vu malgré tout. Liane explique les conséquences sur sa personne, celle-là nécessite plusieurs écoutes avant d'être apprivoisée.

Les petits rythmes bluesy de « Pas de doutes » et « Docteur blues » la voient à nouveau emprunter au style de son estimée collègue Véronique SANSON avec une belle vista, ce mélange improbable de blues rock et de variété trouve ici une fort belle fusion. L'aspect jazzy smooth de « Une étoile dort » tape en plein dans le mille. C'est vraiment sympa de retrouver Liane dans cette ambiance qui lui sied à merveille. Elle évoque les difficultés que connaissent nombre de gens sur « Sa double vie », un très beau texte sur une belle mélodie.

Jean-Jacques Goldmann s'est donc amené avec deux chansons dans sa besace, on reconnaît immédiatement les gimmicks, impossible de se tromper sur « La chanteuse de bal ». C'en est drôle tellement c'est du JJ dans le texte, c'est pas mal d'ailleurs, ne me faites pas dire que c'est raté, loin s'en faut. Un très beau refrain ! Mais l'autre compo de l'illustre king de la variété française est moins voyante. Et paf ! On va être carrément renversés par la Mylène FARMERienne « Deux centres du monde »... Que c'est inattendu, excellentissime! Sur le refrain, c'est à peine si on reconnaît la fameuse voix de Liane !

Il nous reste à parler des quelques réminiscences de l'album précédent, au nombre de deux : « Démaquillée » est dans la droite ligne d'une variété sans couilles ni sueur, pas de langueur, juste une chanson toute simple. Non, ce n'est pas vilain, juste indigne du talent de la belle brunette. « Viens » est dans cette même lignée qu'on espère que Liane va définitivement abandonner.

Il va de soi qu'on respire à nouveau ! Ce n'était pas si évident compte tenu du contexte. Mais c'est un vrai plaisir de voir Liane Foly à un tel niveau. Cet album est solide sans atteindre toutefois le niveau de ses classiques, mais tout ceci est fort agréable et courtois. 3,5 et bravo !