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- Membre : Harry Nilsson

Randy NEWMAN - Dark Matter (2017)
Par LE BARON le 19 Septembre 2017          Consultée 1589 fois

Franchement, on ne l’attendait plus. De Randy NEWMAN, 70 ans bien tassés, on pensait ne plus entendre parler, sauf à l’annonce d’un rare – et cher ! – concert, d’une compilation ou de la énième bande originale d’un énième épisode de « Cars » ou de « Toy Story ». On avait fait une croix sur la partie la plus personnelle de sa discographie : Harps and Angels, dernier album* en date, remonte à 2008. Bad Love, son prédécesseur, à 1999. Randy NEWMAN a toujours pris son temps, mais tout même, 9 ans entre chaque disque, c’est beaucoup !

Le retour de tout musicien ayant pondu des chefs-d’œuvre dans les années 60 ou 70 est souvent décevant. La flamme n’est plus celle des 20 ans de l’artiste, on s’en doute, et rares sont ceux qui ont su transformer leur maturité en atout. Randy NEWMAN ne fait pas exception à la règle, malheureusement, et disons-le : Dark Matter est un peu décevant à la première écoute. Il contient pourtant tous les ingrédients qui ont toujours permis à NEWMAN de réaliser une soupe plutôt épicée. Mais il a beau faire vivre son habituelle galerie de personnages grotesques et/ou tragiques (obscurantistes de tout poil, scientifiques incapables, crétins dépassés par la marche du monde, amoureux), et traiter de sujets aussi divers que la préparation du débarquement de la baie des cochons, le vieillissement dans le couple, ou la disparition d’un enfant, cela ne prend pas vraiment.

La musique est pourtant impeccable. Du piano bien sûr, quelques envolées d’orchestre, des airs sans âge teintés de jazz New-Orleans et de Kurt WEILL, une espèce de boogie-woogie hors-du-temps. Tout est impeccable, pesé et réfléchi. Trop, peut-être.

Car il y a comme un côté artificiel, fabriqué, et dans plusieurs morceaux. Le premier d’entre eux, « The Great Debate », mise en scène d’un débat entre scientifiques et tenants de la foi, est affaibli par son côté démonstratif. NEWMAN tire à la ligne pendant 8 minutes, rendant le tout roboratif, et semble incapable de donner du relief à l’ensemble. Cela sent l’artifice, le tour de main de celui qui connaît son métier sur le bout des doigts, mais qui joue de la technique avant de jouer du sentiment. On se prend à rêver du NEWMAN d’autrefois, qui aurait su ciseler son texte et sa musique et nous balancer, en quelques minutes et l’air de rien, un diamant poli à l’humour noir ou une ballade belle à pleurer.

On écoute cependant les chansons avec plaisir – la musique y est pour beaucoup –, mais il manque dans les textes le retournement de situation, le twist qui a longtemps caractérisé l’écriture de NEWMAN, cette façon incroyable et hilarante de transformer d’un coup un salaud en pauvre type, de rendre grise une situation politique ou historique que l’on voyait en noir et blanc. Or, ce twist est quasi absent de Dark Matter, à l’exception de « Putin » peut-être, qui est tout de même réussie. Poutine, un homme, un vrai, se mettant à douter, voilà un sujet ! Et NEWMAN d’ironiser sur le vainqueur de la Seconde Guerre Mondiale, renvoyant dos à dos Russes et Américains dans leur croyance simpliste que seul leur peuple est le vainqueur. Pour le reste, eh bien… « Lost Without You » est une très belle chanson, « It’s A Jungle Out There (V2 )» est drôle. Reste 6 titres pas mauvais que l’on aurait sans doute appréciés s’ils ne venaient pas après d’authentiques chefs-d’œuvre.

Randy NEWMAN s’est assagi, ne pousse plus le trait jusqu’au grotesque, ni jusqu'aux larmes. C’est dommage. Certains parleront de maturité, de subtilité. Pourquoi pas, mais il y a fort à parier qu’ils réécouteront plutôt Sail Away ou Trouble In Paradise que ce Dark Matter. Si Randy NEWMAN poursuit sa discographie sur le même rythme, le prochain album devrait raisonnablement sortir autour de 2026. Sans être impatient, on espère encore.


*Les 3 « Songbooks” sont des compilations, même si les morceaux qui y figurent sont réinterprétés.

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   LE BARON

 
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- Randy Newman (piano, voix, direction d'orchestre)
- Matt Chamberlain (batterie)
- David Piltch (basse)
- Blake Mills (guitare)
- Mitchell Froom (claviers)


- dark Matter
1. The Great Debate
2. Brothers
3. Putin
4. Lost Without You
5. Sonny Boy
6. It's A Jungle Out There
7. She Chose Me
8. On The Beach
9. Wandering Boy



             



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