EDENBRIDGE fait souvent office de repoussoir naturel : peut-être parce qu’ils ne seront à tout jamais considérés que comme des suiveurs, des sous-NIGHTWISHINTEMPTATION. Pourtant si le groupe est toujours là, ce n’est pas seulement parce que, soyons honnête, il suffit de mettre une femme et des violons sur un album de metal pour qu’il sorte : non, nos Autrichiens ont toujours eu un petit plus, ou plus exactement des petits plus, au pluriel, ce qui leur permet de rester plusieurs coudées au-dessus de la pléthorique et souvent ennuyeuse concurrence.

Et "Shiantara" est un titre d’ouverture parfait pour découvrir l’album et tout ce qu’il représente. L’intro est électro car c’est désormais une composante, rare mais définitive, du groupe ; la voix de Sabine reste fidèle à elle-même, belle sans être soûlante ni abuser d’artifices. Si le couplet est très moyen et passe-partout, le refrain typique rappelle pourquoi on aime ce groupe : ces mélodies harmoniquement identitaires, ces explosions, ce solo de gratte au son si reconnaissable, si unique (le Brian May du metal), et puis, ça c’est le cadeau bonus, ces cuivres !!! Ils sont pompeux aux confins du rationnel ! Plus putassiers qu’une maison close de Düsseldorf au grand complet parking non éclairé inclus, bien mis en avant, bref dégoulinants comme on les aime. Et l’album dans son ensemble restera dans ces entournures, pour notre plus grand plaisir ou notre horreur la plus gore selon votre appréciation de la chose. Véritable classique instantané dont le refrain rappelle le grand "SHINE", "The Die Is Not Cast" laisse exploser la section cuivres dans une myriade de foutre liquoreux et tièdasse dans laquelle même DIMMU BORGIR n’avait jamais osé tremper l’orteil : POIIIIIIINNNNNNNN ! WAGNER à côté ? Mais c’est LOUISE ATTAQUE !

Et si jamais par la suite on ne retrouve cette qualité, l’album se laisse dévorer grâce à un tracklisting malin, qu’on sent fait par de vieux renards. "The Moment" est plein de peps, de fougue, donne la pêche à la WITHIN justement. "Until The End" est une chanson somme toute assez moyenne, mais... elle est chantée en duo, et ça change tout ! Pareil pour "Visitor" : un couplet banal mais un refrain avec encore et toujours ces accords, cette ambiance qui font la différence. Le final acapella est juste impeccable. Enfin si l’epic final est un peu branlant, le petit glissé de Floyd Rose sur la gratte achève l’auditeur : tout, ils nous auront tout fait. Ca n’est pas la perfection absolue mais EDENBRIDGE reste, de loin, un des tous meilleurs groupes d’un genre pourtant sclérosé jusqu’à la plante de pied. Classe, bien fichu, un poil plus court et c’était l’extase. POIIIINNNNN !!!